Je vous diffuse une courte vidéo Youtube qui résume en quelques mots la conférence de Pierre Fayard au Club IES sur la Pensée Stratégique Chinoise. Voir l’annonce de sa conférence. J’ai aussi chroniqué le livre deux livres de Pierre Fayard : L’affaire Manga 3D et La Force du Paradoxe. En faire une stratégie.
Je reprends ci-dessous quelques points du compte rendu de Max-Hubert Belescot qui a assisté à la conférence. Le texte ci-dessous est un résumé de son propos. Merci pour ton travail. Le texte ci-dessous est pratiquement entièrement de Max.
Jérôme Bondu
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La Pensée Stratégique Chinoise
Sun Tzu est un stratège chinois du 5e siècle avant notre ère. Il est l’auteur de « L’art de la guerre ». Bien au-delà du monde militaire, ses écrits inspirent toujours les managers, les politiques, les marketeurs ou les communicants. La pensée stratégique de Sun Tzu, qui est née il y a 25 siècles, est à la fois si lointaine et très actuelle. Pierre Fayard recommande la traduction de Jean Levi. Pierre Fayard va faire référence à l’art de la Guerre et à un second ouvrage qui n’a pas été écrit par Sun Tzu les « 36 stratagèmes ». Sur la culture chinoise, on pourra lire « Il était une fois la Chine – 4500 ans d’histoire » de José Frèches.
Comment met-on en œuvre la stratégie en occident ?
Derrière la vision dominante de la stratégie en occident, il y a le monothéisme, c’est-à-dire l’idée d’un principe créateur qui est distinct de sa création.
– Le stratège se considère comme en dehors de la situation qu’il veut transformer. À partir de là, il est théoriquement seul, il décide de la finalité, il conçoit un plan, il met en œuvre ce plan dans le but de transformer ou de traduire dans les faits son intention initiale.
– La stratégie consiste à éviter ce que l’on appelle les « forces de frottement ». Tout le problème consiste donc à réduire les oppositions.
Sur les aspects stratégiques, voir le compte rendu du livre de Vincent Desportes « Entrer en stratégie » . Et la vidéo de sa conférence au Club IES.
Comment met-on en œuvre la stratégie en Chine ?
En chine, c’est complètement différent. Il y a une seule constance dans la réalité : le changement. Rien n’est fixe.
– Sun Tzu disait par exemple qu’un soldat n’est pas fort parce qu’il est herculéen, mais parce qu’il est mis dans des conditions qui vont le rendre puissant.
– De même, le général ne demande pas la victoire à ses soldats, mais leur demande d’établir une situation qui la permettra.
En Asie, on commence par le global pour aller au local. Ce changement continu se fait dans l’interdépendance, partant du principe que tout est lié. Les raisonnements se font de manière globale.
Qu’est-ce qui fait la force ou la faiblesse ?
C’est l’adéquation avec les circonstances qui va faire que l’on sera victorieux ou non. Sun Tzu écrivait « L’art de la guerre n’a pas de règle fixe ». Il faut rechercher le potentiel contenu dans chaque situation. D’un point de vue chinois, on peut affirmer que « la stratégie adore le vide ».
Cela permet de voir la différence entre nos cultures.
– Les Américains aiment bien « produire, à partir d’un problème compliqué, une solution simple ».
– En Chine, c’est l’inverse : plus c’est compliqué, plus on va trouver du potentiel. Plus s’est simplifié, moins il y a de marge de manœuvre.
La complexité va permettre d’épouser une tendance. On va chercher à cultiver les tendances plus que de chercher à résister. Pour les Chinois, réduire le complexe, c’est réduire le potentiel. Les phénomènes sont ambivalents. Cela va dépendre de la situation. Il faut chercher le potentiel qui existe dans les situations.
Quels sont les enseignements des « 36 stratagèmes » ?
Le livre des 36 stratagèmes est antérieur à Sun Tzu. En Chine, les intitulés de ces 36 stratagèmes font partie de la vie quotidienne. C’est comme les légendes chez nous. Cela fait partie de la culture chinoise. Chacun de ces stratagèmes est représenté par 4 idéogrammes. Tout est à faire. Tout est à inventer. Y a-t-il derrière une mécanique, des principes basiques. Pierre Fayard en a identifié deux qui sont l’harmonie et le paradoxe.
L’harmonie, car les armes sont des instruments de mauvais augure à n’utiliser qu’en ultime recours. Il convient de les économiser en dépensant le moins possible et en utilisant les moyens des autres. Utiliser ces armes est coûteux. Cela détruit. C’est hasardeux. Cela donne des indications à l’adversaire. Les armes cela rassure. Par contre, plus on est armé, plus on incite l’autre à le faire.
Le paradoxe est bien illustré par la maxime « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Pratiquement tous les stratagèmes chinois sont basés sur le paradoxe. Il est important de comprendre ce que l’autre pense, c’est-à-dire de maîtriser l’interaction des volontés. C’est à partir de l’interaction qu’il va y avoir des décisions. On ne s’oppose pas à un mode de pensée, mais on va au contraire le renforcer.
Conclusion sur la Pensée Stratégique Chinoise.
La recherche de l’efficacité avec économie :
– Éviter le conflit plus par des constructions que des destructions.
– Rechercher du potentiel et l’utiliser à son avantage.
– Ne pas agir seul, mais avec ce qui est contenu dans la situation.
– Jouer complexe et global plutôt que simple et local.
– Combiner l’harmonie et le paradoxe.
– Tout cela toujours en fonction de l’autre !
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Autres références sur la Chine
Je termine ce billet avec quelques références :
- Compte rendu : Modernisation de la Chine, opportunités et défis.
- Critiquer la Chine n’est pas être anti-chinois.
- Projets en Chine – Comment gérer l’Information en Chine ?
- Conférence du Club IES: Géopolitique de la Chine. Animé par Eric Battesti.
N’hésitez pas à consulter la liste des prochaines conférences du Club IES. Et les formations :
- M5 – Formation Mettre en place et optimiser une veille stratégique.
- I5- Formation Stratégie de communication dans les médias sociaux.
Jérôme Bondu