Suite et fin de mon résumé de Toxic data – Comment les réseaux manipulent nos opinions, de David Chavalarias (lire la première et seconde partie). L’auteur présente des solutions pour sauver notre démocratie de l’overdose numérique !
Conclusion. Comment sauver notre démocratie de l’overdose numérique ?
Nous faisons face à un « dérèglement démocratique » caractérisé par plusieurs phénomènes concomitants :
– Multiplication des chambres d’échos et des bulles de filtre.
– Marchandisation des données sociales par les grandes plateformes.
– Manipulations d’opinion assistées par des outils d’intelligence artificielle.
– Ingérences étrangères sur les médias sociaux.
– Fragmentation, polarisation, réagencement de notre paysage politique.
– Attaque par des populismes d’extrême droite.
– Crises économiques, sanitaires et sociales.
– Attaques de la notion même d’État par les Big Tech.
Mais nous pouvons agir face à cette overdose numérique !
Agir au niveau individuel
– Prendre les informations à la source (voir la formation sur les techniques de recherche d’informations).
– Aiguiser son sens critique (voir le travail sur le recul critique).
– Identifier ses vrais amis sur les réseaux sociaux.
– Dissocier (segmenter) ses différents réseaux sociaux.
– Comprendre ses émotions et biais émotionnels (lire notamment Sibony).
– Fuir les notifications.
– Préférer l’autonomie à l’hétéronomie.
– Démasquer le populisme.
Agir au niveau collectif
– Donner la priorité à l’éducation.
– Développer une recherche indépendante.
– Redonner toute leur place aux compétences (et non au choc des mots et poids des photos).
– Rendre tangible l’espace-temps numérique.
– Rendre les données du peuple au peuple (et non pas aux entités privées).
– Surveiller les algorithmes.
– Créer une loi sur l’atteinte à la vie démocratique.
– Recréer des espaces numériques publics.
– Changer le mode de scrutin, avec par exemple le jugement majoritaire (qui est un des modes les moins manipulables).
– Dynamiser la démocratie avec des « préférundum » (idée portée par l’association Mieux Voter »).
Parallèle intéressant
La communication de Coca-Cola est axée sur le rafraîchissement.
– Mais l’intérêt de l’entreprise n’est pas d’étancher votre soif ! Au contraire, c’est de vous inciter à boire plus de Coca-Cola.
– « L’astuce est donc de proposer une boisson dont le taux de sucre vous laissera une sensation de soif en bouche, tout en vous recommandant de la boire bien fraîche afin que, sur le moment, cela vous désaltère. Ainsi, c’est votre réfrigérateur qui vous rafraîchit ».
« Facebook utilise la même stratégie que Coca-Cola, mais avec l’information.
La communication de Facebook est axée sur la connexion avec vos proches.
– Mais l’intérêt de l’entreprise n’est pas de vous connecter, mais de capter vos données et de vous envoyer des messages publicitaires.
– L’astuce est donc de proposer des contenus dont la teneur en sensationnalisme vous donnera envie de rester et d’interagir. Facebook ne fait qu’instrumentaliser des notions de relations sociales.
Résumé de Toxic data
Mon avis : « Toxic data – Comment les réseaux manipulent nos opinions » est un très bon livre, qui rejoint le Bug Humain de Sébastien Bohler l’Apocalypse cognitive de Gérald Bronner ou Vous allez commettre une terrible erreur d’Olivier Sibony, dans sa capacité à analyser les problèmes, puis à proposer des pistes d’action contre l’overdose numérique.
A lire !
Extension Horus
Pour finir cette note de lecture, j’ai découvert sur le site du Politoscope l’extension Horus. Horus est une extension de navigateur développée au CNRS/ISC-PIF. Elle vous aide à mieux saisir les partis pris des GAFAM lorsqu’ils vous alimentent en information, premiers pas vers une reprise du contrôle de vos environnements numériques.
Horus présente les enjeux comme suit : « Google, YouTube, Facebook ou Twitter, tout ce que vous lisez ou visionnez sur ces plateformes a été sélectionné par un algorithme. Ces algorithmes sont-ils biaisés ? Êtes-vous surexposé.e à des informations stressantes ou anxiogènes ? Êtes-vous enfermé.e dans une chambre d’écho politique ? » J’ai chargé l’extension pour donner un coup de pouce à leur expérimentation. N’hésitez à faire de même. Plus il y aura de testeurs, plus leurs données seront exploitables, et plus nous comprendrons le fonctionnement des algorithmes des GAFAM.
Il faut lire « Toxic data – Comment les réseaux manipulent nos opinions » ! Le livre est édité en 2022 chez Flammarion.
Jérôme Bondu
