Dans le précédent billet (IE et décisions absurdes), je concluais sur le coût humain et organisationnel de la mise en place d’une dynamique d’Intelligence Économique. Mes différentes missions de mise en place de système de veille m’ont amené à ces quelques réflexions :
Dynamique d’Intelligence Économique
– Si la mise en place d’une dynamique d’Intelligence Économique consiste à améliorer la « documentation », on rate pas mal de dimensions de l’IE.
– Si la mise en place d’une dynamique d’IE consiste à inculquer une culture positive de la gestion des informations, à faire de tous collaborateurs des capteurs de « signaux faibles », à améliorer le partage des informations, à introduire une culture de la protection des savoirs, à adapter l’entreprise à la révolution numérique en cours… on est en plein dans l’Intelligence Économique !
Budget intelligence économique
Or dans le second cas, le coût va bien au-delà du budget annuel à débloquer pour l’abonnement à des plateformes de veille. Les coûts les plus importants seront :
– organisationnels et culturels : dans une optique IE, l’organisation doit être repensée pour faciliter le trajet de l’information. Les détours, culs de sac, et autres impasses de l’information doivent être réduits.
– managériaux : dans une optique IE le décideur n’est pas le boss du boss. Le décideur est le sachant. Celui qui est en réseau avec d’autres sachants, et peut synthétiser des informations diverses et contradictoires, et avoir le courage d’indiquer le chemin que personne ne veut emprunter.
– cognitifs : dans une optique IE, ce que l’on appelle par facilité « l’information » est un objet à disséquer. C’est plus qu’un « signal informatif ». Pour que cela devienne un renseignement utile (donc opérationnel) il faut le passer au filtre de son propre savoir, l’enrichir, et le passer à son voisin qui sera en phase de prise de décision.
Révolution copernicienne
Quand Galilée dans le sillage de Copernic affirma que la terre tournait autour du soleil (révolution copernicienne) l’institution religieuse lui ordonna de se dédire. Au-delà des aspects théologiques, on peut penser que c’était parce que le coût organisationnel, managérial et cognitif était trop lourds à absorber pour l’Église. Mais pourtant … elle tourne ! Et on sait ce qui suivit pour l’institution qui s’arcbouta sur une fausse vérité.
Les entreprises sont-elles prêtes pour cette révolution copernicienne qu’est l’intelligence économique ? En tout cas la difficulté à faire passer le message est un indicateur en soi.
Pour en savoir plus, consultez près de 100 autres notes de lecture sur l’intelligence économique, visionnez la présentation des outils de veille par Jérôme Bondu sur France 24, et inscrivez-vous aux prochaines conférences du Club IES.
Jérôme Bondu
Source Image : Wikipedia – Copernic