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Gestion des connaissances

CR : Les métiers de l’information en entreprise

By 4 novembre 2007juillet 19th, 2023No Comments
métiers de l'information

Quels sont les métiers de l’information en entreprise ? Compte rendu de la conférence du 22 janvier 2003, animée par Claudine Masse, Martine Prévot-Hubert et Paul-Dominique Pomart. Compte rendu rédigé par Jérôme Bondu.

Métiers de l’information

Présentation des intervenants

(la biographie date de l’époque de l’intervention, en janvier 2003)
– Martine Prévot-Hubert, est directrice du DESS gestion de l’information dans l’entreprise de Sciences Politique Paris . Elle participe à l’élaboration de l’observatoire des formations diplômantes de l’ADBS.
– Claudine Masse, est déléguée générale adjointe de l’ADBS et responsable formation continue et conférences.
– Paul-Dominique Pomart, est responsable de la formation et du développement des compétences au sein du groupe Bayard, groupe de presse et éditeur multimédia. Il est administrateur de SCIP France , et ancien président de l’ADBS.

Résumé de la réunion

Cet exposé sur les métiers de l’information  a eu pour but de répondre à trois questions :
– quels sont les métiers de gestion des informations en entreprise ?
– Y-a-t ‘il des formations qui y préparent ?
– quelles sont les perspectives d’emploi dans ces domaines ?

1. Intervention de Claudine Masse

Notre première intervenant s’est attaché à une présentation des métiers de l’information.

1.1. Présentation de l’ADBS

Mme Masse, qui est déléguée générale adjointe de l’ADBS, a commencé par nous faire une courte présentation de cette association.
Les deux points saillants de cette présentation sont que l’ADBS :
– offre un service d’offre et de demande d’emplois dans les domaines de l’information,
– travaille à la rédaction d’un référentiel des métiers de la documentation.
Étant partie prenante de ces deux dynamiques, notre intervenante a une bonne visibilité sur les métiers de la gestion des informations en entreprise.

1.2. Schématisation des activités des professionnels de l’information

A partir de sa connaissance du secteur, Mme Masse nous propose une schématisation des métiers de l’information.
– Management, conseil et formation : Formateur en information-documentation. Responsable des ressources documentaires
– Recherche d’information : Chargé de recherche d’information. Chargé d’études documentaires. Veilleur documentaliste (intelligence économique). Iconographe recherchiste
– Production de systèmes, d’outils et de supports : Administrateur de service électronique d’information. Chef de projet Internet-intranet. Webmestre. Chargé de produits documentaires
– Gestion de la mémoire, des connaissances et autres ressources internes : Documentaliste archiviste. Gestionnaire de documents d’entreprise (records management). Gestionnaire de données. Gestionnaire des connaissances (knowledge management)

1.3. Quelques commentaires :

– Les métiers de la gestion des informations sont en constante évolution, et suivent en cela les transformations que connaissent les entreprises.
– Bien que ce schéma laisse à penser que ces métiers sont bien différentiés les uns des autres, dans la réalité les personnes qui les exercent sont à cheval sur ces différents pôles.
– Avant, la veille était essentiellement tournée vers la recherche et le traitement d’informations externes. De plus en plus, le travail se fait sur les informations externes et internes.

1.4. Les tendances du marché de l’emploi :

Concernant les tendances du marché de l’emploi, notre intervenante nous présente ce qu’elle a pu remarquer à partir de son travail à l’ADBS :
– Les emplois sont surtout concentrés dans la région parisienne.
– Le nombre d’offres d’emploi reçues à l’ADBS est en baisse depuis 2 ans (et cela est tout à fait révélateur du marché global). 340 offres reçues en 2000. 284 en 2001. Pour descendre à 190 en 2002. En 2002, on retombe au niveau 1998-99. 2000 était une année exceptionnellement bonne.
– Les employeurs demandent à leurs collaborateurs « gestionnaire de l’information » des compétences multiples. Il faut un métier de base en plus de la composante « information ».
– Les secteurs les plus porteurs sont le conseil, la santé et l’économie.

2. Intervention de Martine Prévot-Hubert

La seconde intervention a essentiellement porté sur les formations sur les métiers de l’information. Néanmoins, notre intervenant revient en introduction sur les bouleversements qu’ont connus les métiers de l’information ces dernières années.

Le bouleversement des métiers de l’information communication

Depuis 10 ans, commence M. Prévot-Hubert, les métiers de l’information / communication ont connu de grands bouleversements :
– Internationalisation des entreprises et donc des métiers.
– Développement des technologies de l’information, qui conduisent à un nouveau mode de management, et à la création de services et de produits innovants (internet, intranet, ?)
– Changement de rôle des utilisateurs d’information, qui deviennent eux-aussi producteurs et diffuseurs d’information.
– L’effacement des frontières entres les métiers de l’information, communication, documentation et formation. Ces métiers se regroupent.
– Décentralisation et diffusion dans l’entreprise des métiers de gestion des informations.

Les métiers de l’information communication peuvent se découper en deux catégories de poste :

– Gestionnaire de l’information, documentaliste, chargé d’information.
– Responsable éditorial, concepteur rédacteur, responsable de site (intranet, internet), webmestre (pour la partie non-technique).

Ces postes se déclinant en différents métiers :

– chargé de recherche documentaire, chargé de veille, cyberveilleur, infomédiaire,
– consultant auditeur,
– chef de projet, ingénieur développement,
– gestionnaire des connaissances,
– chief knowledge manager,
– coordinateur knowledge par métier,
– documentaliste.

Les formations

Il existe une centaine de formations en information communication :
– DUT et licences professionnelles qui forment des techniciens,
– IUP, qui forment des ingénieurs,
– DESS qui forment des ingénieurs et experts.
Les anciens cycles vont être remplacés :
– 1er cycle : Bac + 3. Licences générales et professionnelles
– 2ème cycle : Bac + 5. Master recherche et Master professionnel
– 3ème cycle Etudes doctorales : Bac + 8. Thèse

Les formations en intelligence économique

En ce qui concerne plus spécifiquement l’Intelligence économique, notre intervenante a recensé lors d’une étude réalisée récemment les différentes formations. Au total :
– 2 licences professionnelles,
– 6 DESS et 2 DEA
– 3 mastères
– 1 MBA
– 1 diplôme d’établissement.
On peut estimer à 150, le nombre de diplômés spécialisés dans le domaine de l’IE qui se retrouvent chaque année sur le marché de l’emploi.
Or, l’intelligence économique est en même temps un métier qui nécessite une formation spécifique (mais où les offres d’emploi sont rares) et un état d’esprit (qui nécessite plus une simple sensibilisation qu’une formation). Au regard de cette affirmation, on peut se demander si le nombre important de formations spécialisées est bien en adéquation avec l’offre ?

3. Intervention de Paul-Dominique Pomart

Durant son intervention, M. Pomart s’est interrogé sur les raisons du manque de visibilité -ou de valorisation- des métiers de l’information. Mais dans un premier temps, il nous a fait une rapide présentation de son parcours professionnel, qui est symptomatique de l’évolution de ces métiers.

Un parcours professionnel symptomatique des métiers de l’information

– M.Pomart s’est orienté vers la gestion des informations presque « à reculons » (pour reprendre son expression). Son objectif initial était de passer l’agrégation d’histoire.
– Suite à la formation de l’INTD , il prend un premier poste de documentaliste dans une petite structure, pour mettre en place une bibliothèque. Le travail se fait au sein d’une équipe.
– Son second poste, dans un quotidien régional, est obtenu par son réseau relationnel , insiste M. Pomart. Le service documentation comprend alors sept personnes.
– Puis M. Pomart intègre le groupe Bayard Presse (auquel il appartient encore) avec en charge la responsabilité du centre de documentation et de la photothèque. L’objectif était de moderniser et d’informatiser le centre. Rapidement, on lui a demandé de s’occuper du minitel et du multimédia. Cela lui inspire la réflexion que les documentalistes (contrairement à l’image qu’ils peuvent parfois véhiculer) sont souvent aux avants postes de la modernité technologique.
– Depuis 1999 il a pris la responsabilité de la formation. Il est donc passé de la « gestion des informations » à la « gestion des connaissances et des compétences ». Une évolution dont on peut tirer des enseignements, selon lui, pour le secteur en général.

Réflexions sur les obstacles à la valorisation des métiers de gestion des informations

Notre intervenant explique le manque de valorisation des métiers de la gestion des informations par une première constatation : quand on regarde la vie des entreprises il n’y a pas de corrélation évidente entre une bonne gestion des informations et la réussite économique !
– Dans le même ordre d’idée, une trop bonne gestion des informations peut même paraître comme négative. Et monsieur Pomart de prendre l’exemple des « créatifs » qui sont rétif à consulter les banques de données et qui lient leurs productions uniquement à leurs capacités créatrices.
– « Nos métiers » explique M. Pomart, sont des métiers de structuration de l’information. Or « on peut se demander si cela ne l’appauvrit pas ? ». M. Pomart se demande si ces métiers ne pêchent pas par excès de formalisation.
– Dans la mesure où toutes les entreprises ont accès aux mêmes bases de données, cela n’est plus un facteur différenciant. Et cela débouche sur un nouveau questionnement : « Dans un univers fondé sur la concurrence est-ce que ces métiers ne nivellent pas les différences ? »

Pouvoir et influence

Une deuxième constatation porte sur les rapports entre pouvoir et influence.
Le véritable pouvoir « moderne » est celui de l’influence. Les métiers de la gestion des informations sont des métiers d’influence, mais avec le problème que celui qui les exerce a l’obligation d’être discret.
– Le professionnel de la gestion des informations ne doit pas être en concurrence avec d’autres personnes. Il doit inspirer une totale confiance.
– En outre, ce sont des métiers, où il n’y peut pas y avoir de reconnaissance officielle. Un dirigeant peut difficilement dire que telle ou telle de ses décisions a été prise grâce au « directeur de l’Intelligence économique ».
– Il est clair également que plus l’information recherchée est stratégique, moins il est facile de sous-traiter sa recherche. Plus généralement M. Pomart s’interroge sur les limites de la sous-traitance en matière de gestion de l’information.
D’autres éléments plus terre à terre jouent contre la visibilité de nos métiers : Nous allons de la gestion des stocks vers la gestion des flux. Or cela ne contribue pas à donner de la visibilité aux métiers de gestion des informations. « Avant la bibliothèque était physique, palpable. Il faut avouer qu’une base de donnée l’est beaucoup moins ! » remarque M. Pomart.
Et puis, pour finir cet inventaire des facteurs bloquants : Nos métiers sont utiles sur le long terme. Or de plus en plus, les entreprises jouent sur le court terme, particulièrement en période d’incertitude économique.

Les métiers de l’information

Conclusion : L’ensemble des éléments présentés peut provoquer un certain pessimisme, surtout pour les jeunes diplômés en recherche d’emploi. Mais il faut avoir en tête que cela est fortement lié à la conjoncture économique actuelle.
Par contre ce qui reste vrai, rappellent nos intervenants, c’est que l’Information est et restera un outil stratégique. Pour passer cette période difficile, les professionnels de la gestion des informations ont donc juste un travail d’adaptation à faire.
A lire aussi :

Voir nos formations sur le management de la veille :

M1 – Formation Mettre en place une dynamique de veille et d’intelligence économique (généraliste).
M2 – Formation Mettre en place et optimiser une veille commerciale.
M3 – Formation Mettre en place et optimiser une veille concurrentielle.
M4 – Formation Mettre en place et optimiser une veille marketing.
M5 – Formation Mettre en place et optimiser une veille stratégique.
M6 – Formation Mettre en place et optimiser une veille technologique.
M7 – Formation Mettre en place et optimiser une veille géopolitique.
M8 – Formation Mettre en place et optimiser une veille sociétale.
M9 – Formation Mettre en place et optimiser une veille sectorielle.

Jérôme Bondu

Source image : Digitalisation des entreprises

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