Depuis quelques années que je forme aux techniques avancées de recherche d’informations, j’ai pu expérimenter chez mes interlocuteurs pas mal de réactions différentes:
- L’explication orale (sans démonstration) de ce que l’on peut faire avec quelques techniques professionnelles de recherche d’informations ne produit généralement pas grand effet.
- Par contre la démonstration (le test en direct avec une recherche d’information sur Google) emporte souvent l’enthousiasme.
Cette difficulté à expliquer l’intérêt des techniques avancées, alors que le gain est manifeste, m’a souvent laissé perplexe… Du moins jusqu’à ce que je lise le livre de Christian Morel « Les décisions absurdes ». J’y ai vu deux clés d’explication : d’une part le sentiment « d’auto-expertise », d’autre part la « difficulté d’explication ».
Premier point « l’auto-expertise »
Morel explique qu’il y a des sujets sur lesquels on pense généralement pouvoir se débrouiller seul. Si en entreprise, on fera automatiquement appel à un expert pour des questions juridiques, on pense souvent que des questions de communication, de ressources humaines, … ou autres sciences molles peuvent se résoudre avec un peu de bon sens.
Il est clair que la recherche d’informations fait partie de ces domaines où tout un chacun qui n’a pas été initié se croit au top du domaine. Par définition, « on ignore ce que l’on ignore » !
Second point « la difficulté d’explication »
Morel démontre dans son ouvrage « Les décisions absurdes », qu’il est des erreurs qui sont si difficiles à expliquer à ceux qui les commentent, que l’on préfère gérer les conséquences de ces fautes plutôt que de s’attaquer à leurs causes !! Les exemples qu’il présente sont éloquents.
Je me suis alors revu devant des directeurs (marketing, stratégie ou RH) convaincus de l’intérêt de l’IE, mais défaitistes devant l’effort à produire pour modifier la culture de leur entreprise. L’effort d’explication (Morel parle de « traduction ») a un coût humain et organisationnel que souvent seules les entreprises qui ont « souffert » entreprennent.
Je trouve ces deux éléments d’explication sociologiques tout à fait éclairants pour comprendre le peu de diffusion des techniques avancées de recherche d’informations, et d’une manière plus générale des techniques d’intelligence économique.
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Jerome Bondu
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