J’ai assisté à une conférence de l’UniverShifté, organisé par le Shift Project les 22 et 23 juin 2024 à Lille. Le Shift Project a été créé par Jean-Marc Jancovici (voir la note de lecture de sa bande dessinée Le monde sans fin). Cette conférence portait sur les conflits d’usage sur les ressources essentielles. Il y avait plusieurs orateurs dont je mélange les témoignages. Ce compte rendu est parcellaire et n’engage que moi.
Partage des ressources et conflits d’usage : eau, minerais, terres
Qu’est-ce qu’un conflit d’usage ?
L’utilisation d’une ressource peut donner lieu à différents problèmes : Problème de quantité ; problème de mobilisation de la ressource ; problème de répartition de la ressource. Mais ces problèmes peuvent aussi être des vecteurs de coopération. Un conflit d’usage ne mène pas forcément à la conflictualité.
La plupart des conflits sont liés aux ressources essentielles à la vie comme l’eau et l’alimentation. Les conflits apparaissent dans les zones de tension ; où il y a plus de personnes, plus de détermination, moins de collaboration, plus de conflictualité.
Actuellement, un milliard de personnes ont faim. Cette partie du monde veut plus manger et n’est pas dans une logique de sobriété. Et ce chiffre va certainement encore croitre, car la population continue d’augmenter. Le monde est comme un paquebot avec une forte inertie. L’inversion de la courbe démographique sera certainement vers 2060. On peut donc prévoir une demande croissante en alimentation encore pour quelques décennies.
L’augmentation de la demande en eau est tirée par trois facteurs :
– Changement climatique (qui impose une irrigation).
– Croissance démographique.
– Urbanisation, qui entraine un mode de vie avec une alimentation plus carnée.
Selon un des intervenants, les mégabassines sont nécessaires, car l’eau est le premier maillon de la chaine alimentaire.
La matière est le cœur de l’économique
Au-delà des ressources essentielles comme l’eau et la nourriture, il y a les matières. La matière est le cœur de l’économique. Quelques chiffres :
– À l’échelle du monde, on extrait 36 kilos du sol par jour et par personne. La majorité de ces extractions vont finir en déchet.
– La production de certains biens spécifiques produit beaucoup de déchets. Par exemple pour faire un téléphone de 200 grammes il faut 200 kilos de matière.
– Si l’on cumule les masses des outils électriques dans un foyer occidental, on arriverait à 2 tonnes. Mais ces deux tonnes d’objets, ont elles-mêmes demandé l’extraction de 45 tonnes de matière.
– On pourra trouver d’autres chiffres dans les notes de lecture des livres de Guillaume Pitron « La guerre des métaux rares » et « L’enfer numérique – Voyage au bout d’un clic ».
Ces chiffres permettent de prendre conscience de ce que notre consommation impose en termes d’extraction, et de conflits potentiels dans les zones d’extraction. Le problème est que l’on a invisibilisé les conflits d’usage. Nous ne les voyons pas.
Conseils
Cette conférence d’UniverShifté s’est terminée avec quelques conseils, pour une part opérationnelle et pour une autre part théorique :
– Sauvons notre alimentation. Il vaut mieux manger sainement les 25 000 jours de notre existence, que de placer de l’argent à la banque.
– Distinguons l’utile … du « socialement débile ».
– Eduquons et sensibilisons aux usages.
Plus d’information sur UniverShifté (ici).
L’événement se tenait à La Catho de Lille où c’était déjà tenu « Osons le futur », où j’avais assisté à la conférence d’Étienne Klein et Gérald Bronner sur les infox .
Jérôme Bondu
