Voici un compte rendu partiel et informel de la table ronde maîtriser l’information dans un monde très incertain, sur I-expo 2022.
La table ronde était animée par Fabrice Frossard, Professeur à l’EGE. Avec les interventions de :
– Caroline Faillet, fondatrice d’OPINION ACT
– Christophe Bisson, Professeur à Skema
– Mounir Rochdi, Expert international en Competitive Intelligence & en Innovation, Centre du commerce international
– Denis Berthault, Président, GFII
Christophe Bisson et l’agilité des entreprises
– Les acteurs de l’Intelligence économique sont rarement conviés dans les directions générales. Nous sommes les yeux et les oreilles, mais pas le cerveau.
– Christophe a mené une étude sur 78 entreprises. Les retours sont très qualitatifs. À titre d’exemple, des présidents de multinationales ont renseigné son questionnaire.
– Christophe a pu en déduire une typologie des pratiques d’intelligence économique. Et il a trouvé une corrélation entre d’une part la pratique de l’Intelligence économique et l’implication dans le digital et d’autre part l’agilité de l’entreprise.
Christophe a publié ses diapositives sur l’étude de cas de l’entreprise Altix. On peut retrouver son étude avec le moteur de recherche et le mot clé « intelligence ». Télécharger l’étude de cas de l’entreprise Altix, PME de haute technologie française, leader mondiale de l’imagerie dans le circuit imprimé.
Caroline Faillet et les risques numériques
Caroline a évoqué des changements dans la pratique du numérique, avec trois éléments saillants :
– Il y a une fragmentation des outils.
– Il y a une hybridation entre l’humain et la machine. Nous passons tous d’une solution à une autre avec beaucoup de facilité. Une information peut être trouvée sur le dark web puis publié sur les médias sociaux. Il faut donc de multiples compétences pour maîtriser le numérique dans toutes ses composantes.
– Elle a détecté aussi un besoin de sûreté. Lorsque l’on observe les besoins informationnels globaux des entreprises, on se rend compte que le métier de veilleurs glisse sensiblement vers les métiers de gestion du risque. Caroline explique « qu’avant on faisait de la veille, maintenant on fait presque de la « sureté » car on cartographie un ensemble de risques numériques ».
Denis Berthaud
Denis a un discours combattant.
– Il évoque le mot « guerre » qui est inséparable du mot « risque ».
– Denis insiste sur l’importance du sourcing et de la connaissance de la qualité de la source.
Mounir Rochdi et l’information défensive
Mounir complète les visions précédentes avec quatre mots clés qui caractérisent l’information : incertain, dynamique, volatil, collectif (pensons par exemple à l’impact de Belling Cat).
– Il faut donc une information rapide, mise à jour, validée.
– La France est certainement trop centrée sur le défensif. L’influence a été laissée de côté.
Après ce tour d’horizon, Fabrice Frossard a animé le débat :
Maîtriser l’information offensive
Caroline renforce l’idée que l’on manque d’offensif. Elle rappelle que Russia Today et Sputnik (qui étaient des courroies d’influence de la Russie) n’ont été interdites que très récemment. Nous sommes vulnérables si on se refuse d’utiliser les armes de l’influence.
– Elle souligne aussi la nocivité du modèle économique gratuit des réseaux sociaux.
– Elle attend avec impatience l’émergence du Web 3 qui va enterrer le modèle du Web 2 qui a été détourné en outil de promotion de la haine en ligne.
Maîtriser la dépendance informationnelle
Denis se demande si internet va se scinder en grandes zones culturelles (Occident, Chinois, Russe …).
– Il rappelle l’importance de la souveraineté numérique.
– Et il étrille Google : Google n’est pas un moteur de recherche, mais un moteur de recommandation. En fonction de notre profil, nos résultats seront personnalisés. Donc Google fait de l’influence et de la publicité.
Le combat pour se passer de Google n’est pas gagné. Mounir rappel que le dernier algorithme de Google, MUM, a pour objectif pour de nous rendre encore plus dépendants.
– On peut lire sur Abondance : « Google a annoncé (…) un nouvel algorithme nommé MUM (Multitask Unified Model ou Modèle Unifié Multitâches) chargée en intelligence artificielle pour explorer de façon encore plus approfondie les intentions de recherche de ses utilisateurs. »
Cette table ronde « Maîtriser l’information dans un monde incertain » était très intéressante.
Jérôme Bondu
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