Je recommande chaudement Apocalypse cognitive de Gérald Bronner. J’avais lu précédemment La démocratie des crédules, qui m’avait beaucoup impressionné et La planète des hommes – Réenchanter le risque. Gérald Bronner est intervenu au Club IES en 2013.
Voici ma note de lecture en deux parties. Comme à chaque fois, notez que ce n’est pas un résumé ni une synthèse. Ce ne sont que quelques éléments issus du livre qui me semblent importants.
Pour commencer, le titre Apocalypse cognitive est un jeu de mots. Apocalypse est un mot grec signifiant « révélation ». Dans ce livre, Bronner assure que le numérique va révéler une partie de notre personnalité. En cela, le numérique va nous forcer à changer, à s’adapter. Le numérique sera donc un révélateur de ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes !
En quoi le numérique provoque-t-il cette situation ?
Les médias (presse, radio, télévision) ont toujours été aux mains de structures intermédiaires qui analysaient l’actualité, la digérait, la filtrait, la sélectionnait, la censurait et la manipulait aussi parfois … pour le peuple. Mais à partir du moment où la révolution numérique permet à tous de s’exprimer, où il y a une « libre concurrence informationnelle », où il n’y a plus d’intermédiaire, c’est la personnalité même des internautes qui transparait. Et on aurait pu croire que le beau, le bon et le vrai allaient enfin s’épanouir. Mais ce n’est pas le cas. Le numérique est un révélateur de nos aspirations les plus prosaïques.
Bien sûr les géants du numérique font tout pour tirer bénéfice de ce changement. Et ils bénéficient de deux choses essentielles :
– D’une libération inédite de notre temps de cerveau disponible.
– Des apports des neurosciences qui leur indiquent comment capturer notre temps de cerveau disponible.
Pièges cognitifs
Mais nous tombons très facilement dans les pièges cognitifs qu’ils nous tendent, car nous sommes administrés par notre cerveau ancestral, terriblement prosaïque, câblés essentiellement pour :
– Etre obnubilé par la reproduction… donc par le sexe.
– Etre hyper vigilant face à la violence, au cas où nous en serions victimes.
– Etre hyper attentif face aux conflits, pour voir qui est le dominant.
– Etre flatté quand on parle de nous.
Ainsi, d’un côté on peut bien sûr déplorer le porno accessible sur les smartphones des adolescents, la violence verbale omniprésente et le déversement de haine sur les médias sociaux, le culte du conflit et du clash et l’hyper égotisation de notre utilisation du numérique. OK. Mais d’un autre, on va pouvoir se regarder en face, sans pouvoir prétexter que le système nous pervertit. C’est l’occasion de crever le « plafond numérique », et de se rapprocher du « connait toi toi-même », pour s’améliorer. C’est aussi en cela que nous connaitrons une révolution numérique. L’avenir va être passionnant !
Son ouvrage est soigné, précis, argumenté. Passionnant.
La suite dans le prochain billet.
Jérôme Bondu