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Stratégie

À lire : Transformation digitale, avènement des plateformes. (2/2)

By 6 juillet 2024No Comments
avènement des plateformes

Seconde partie de la note de lecture : « Transformation digitale : l’avènement des plateformes » de Gilles Babinet. . Lire la première partie.

L’entreprise, une plateforme – avènement des plateformes

Gilles Babinet pose le sujet clairement : « la radicalité de la transformation digitale peut se résumer en un seul principe : les entreprises, quelles qu’elles soient, ont vocation à devenir des plateformes. C’est-à-dire à être au cœur des interactions (fournisseurs, clients, salariés et autres parties prenantes) qui leur permettent de remplir leur mission au mieux. » On lit plus loin « Les produits et services issus de chaque entreprise – qu’il s’agisse de luxe, de la santé, du tourisme ou du transport – devront tôt ou tard être partie prenante d’une plateforme ».

Le développement des objets connectés va faire de tout produit (ou service) un producteur de données. Donc tout sera algorithmiquement gérable. D’où l’importance pour les organisations de faire communiquer les données issues de toutes parts. Mais attention, il n’est pas question d’ERP, solution présentée par l’auteur comme trop lourde et passéiste. Il convient de mettre en place des API pour permettre une véritable fluidité des informations.

Un des freins majeurs évoqués par Gilles Babinet sera l’absence de compétences, de personnels formés. D’où l’accent mis sur la formation.

Marque, crowd et marketing à l’ère digitale

Gilles Babinet dénonce les études de marché et le mode d’innovation incrémentale (on n’a pas inventé l’électricité en cherchant à améliorer la bougie). Ainsi le marketeur et le chercheur sont invités à maîtriser la data. Et Gilles place le data-scientiste au cœur de l’organisation, seul capable de faire surgir du sens des données.

Gilles place aussi le client, la multitude de clients (si l’on est en BtoC), comme un autre centre focal de l’organisation. Il cite en exemple Lego qui a su créer une communauté avec les joueurs adultes (Lugnet)

« Les entreprises qui deviendront les acteurs centraux au XXIème siècle seront les plateformes technologiques, sociales et interactionnelles ».

La transformation digitale en action

Facteurs prédominants de transformation digitale

Gilles Babinet est prudent sur les conseils qu’il va prodiguer, car il n’y a pas deux entreprises similaires. Néanmoins il dégage quatre facteurs prédominants de transformation digitale :
– Le volontarisme de la société, volontarisme managérial, et support des collaborateurs.
– La formation des collaborateurs au digital.
– Une gestion adaptée du temps, avec des durées courtes pour des microprojets dont on attend les résultats rapidement.
– L’augmentation des points de contact avec l’environnement de l’entreprise (en phase de transformation en plateforme). Ce qu’il appelle les touchpoint.

Il finit en présentant deux étapes d’audits préalables :
– Auditer le niveau de digitalisation de l’entreprise sur six axes : toutes les interfaces de l’entreprise, la technologie, le modèle de management, les ressources humaines, la sécurité, les écosystèmes.
– Auditer le modèle d’innovation et le modèle d’affaires.

Passer à l’action

Enfin, il propose de passer à l’action en 5 phases : arrêter un plan à long terme ; créer un tableau de bord de la transformation digitale ; disposer au préalable d’une organisation cible qui marquerait l’aboutissement du projet ; avoir un plan de formation détaillé ; détecter les champions internes du digital et savoir gérer les talents.

En conclusion il statue que nous sommes en train de vivre une révolution anthropologique, et que l’aplatissement du monde se produit actuellement, sous nos yeux à tous.

Connaisseur de la révolution informationnelle

Pour finir, Gilles Babinet est un vrai connaisseur de la révolution informationnelle. Et comment critiquer la vision de quelqu’un qui a créé et vendu 115 millions d’euros sa startup Musiwave à Microsoft.
néanmoins, j’ai été gêné par la position univoque sur le numérique. Comme si tout ce que faisaient nos amis américains était un modèle à suivre.

  • Il est facile de faire de l’essai-erreur quand on s’appelle Google et que l’on peut mettre à la poubelle un projet. Ce n’est pas la culture qui permet d’effacer les erreurs. C’est la croissance !
  • Le modèle des plateformes tel qu’incarné par les GAFAM est, si l’on pousse le raisonnement, effrayant. Ce sont de nouveaux empires totalitaires.
  • Les entreprises du numérique ne doivent pas leur réussite à leur seul management révolutionnaire ! Elles le doivent aussi à un Etat américain surpuissant qui promeut ces entreprises comme des corsaires d’un nouveau monde à conquérir et exploiter. Ils portent l’étendard de l’influence (soft power) de l’Oncle Sam (ou plutôt l’ogre Sam).
  • Et puis n’oublions jamais que nous finançons l’abyssal déficit américain, grâce à la place centrale du dollar dans l’économie mondiale.

En tout cas le livre est intéressant à lire.

« Transformation digitale : l’avènement des plateformes » est édité chez Le Passeur en 2016.

Bonne lecture !
Jérôme Bondu

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