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Influence

A lire : Propagande la manipulation de masse. De David Colon. 1/5

By 24 octobre 2022No Comments
Manipulation de masse

J’ai lu « Propagande – la manipulation de masse dans le monde contemporain » de David Colon (Edition Belin 2019).
J’avais déjà beaucoup apprécié son dernier livre « Les maîtres de la manipulation »(notes 2, 3 et 4) (Edition 2021), et je ne fus pas déçu avec cette nouvelle lecture.

Je précise comme pour chacune de mes notes de lecture que ce texte n’est ni un résumé ni une synthèse. Il n’est qu’une interprétation libre des propos de l’auteur. N’hésitez pas à consulter mes autres notes de lecture). Toutes les phrases entre guillemets sont de l’auteur.
Je vais publier mes notes de lecture en 5 articles :
– Première partie : La fabrique du consentement
– Deuxième partie : Le « viol des foules »
– Troisième partie : Le triomphe de l’image
– Quatrième partie : La propagande à l’ère de la « post-vérité »
– Quatrième partie (suite) : Les techniques de l’industrie du mensonge

Introduction à la manipulation de masse

Le livre démontre deux choses : D’abord, que la manipulation et la propagande ne sont pas le propre des régimes totalitaires. Ensuite, que les progrès dans ces domaines suivent ceux des sciences et technologies, avec d’une part les outils de communication de masse, et d’autre part les progrès dans les sciences humaines et cognitives qui offrent des clés de persuasion individuelles. Ce qui fait que la propagande actuelle bénéficie des outils de communication de masse avec la précision chirurgicale des messages personnalisés

Après avoir défini ce qu’est la propagande et la manipulation de masse, il détaille les idées reçues :
– La propagande n’est pas propre aux régimes totalitaires.
– Elle n’est pas restreinte au champ politique, et il cite Jacques Ellul qui présente la propagande sociologique, sans parler de la propagande économique.
– Elle n’a pas toujours pour but de modifier les opinions, mais parfois juste de renforcer ces opinions, ou de détourner l’attention.
– La propagande ne vise pas à adhérer à une orthodoxie, mais parfois à une orthopraxie, c’est-à-dire de provoquer une action.
– Elle ne se fait pas uniquement à coup de mensonges et de désinformation, mais elle repose le plus souvent sur la manipulation de faits avérés.
– Elle n’est pas le mal en soi, et peut servir des buts louables.
– Enfin, elle ne touche pas les publics les moins instruits.

Première partie : La fabrique du consentement

I – La fabrique de l’opinion : les pionniers de la communication et manipulation de masse

Il n’existe pas de définition universelle de l’opinion publique. Il y a deux conceptions antagonistes :
– Un milieu dont les élites se méfie, et qui incite ces derniers à créer des structures pour le contrôler (ministère de l’intérieur, …)
– Un milieu où « toutes les opinions se valent et que la somme des opinions individuelles a vocation à former la volonté générale »

La première Guerre mondiale a été le « creuset de la propagande moderne (…) le laboratoire des techniques les plus modernes ». David Colon insiste : « les démocraties en guerre ont donc été le creuser de la propagande de type moderne et de la persuasion de masse ».
Il détaille la commission Creel et l’action d’Edward Bernays pour qui « la propagande est l’organe exécutif du gouvernement invisible ». Walter Lippmann invente deux concepts : le stéréotype et la manufacture du consentement. Lasswell a fait de la propagande une science et a contribué à sa légitimité académique et scientifique. Ces trois fondateurs vont contribuer à « extraire les risques de l’exercice démocratique ! »

II- La propagande au service de la société de consommation

« La propagande moderne doit énormément à la publicité, qui nait aux États-Unis dans les années 1920 de la rencontre entre la société industrielle et la société de marché ». La société de consommation peut être définie par le fait que l’on va inverser la filière : « Ce ne sont plus les consommateurs qui imposent des produits aux producteurs mais les producteurs qui imposent les produits aux consommateurs ». Il sera alors tentant pour les producteurs de comprendre les mobiles des consommateurs pour les manipuler, et « susciter une demande à la hauteur de l’offre ». La société de consommation sera aussi un outil éloigner la tentation du communisme en achetant les foules par un gain de niveau de vie. Ce changement de société va se faire progressivement. Comme le dit Jean Baudrillard, il va y avoir un « apprentissage de la consommation » un dressage social, qui va passer par :
– La valorisation de l’acte d’achat.
– L’encouragement à la réalisation de soi en attisant « la jalousie sociale ».
– La familiarisation avec les produits.
– Le mythe de l’émancipation féminine par l’achat de robots électroménager.
La voiture symbolise bien cette période et représente à la fois « la liberté, l’individualisme et l’ascension sociale ». L’auteur enfonce le clou : le mode de vie américain est le résultat d’un gigantesque effort de propagande, donc de manipulation de masse !

III- La fabrique du conformisme

Les médias et la publicité vont participer à la création d’un conformisme de masse qui peut être qualifié de « dernière idéologie totalitaire ». Ce chapitre traite :
– Des techniques de publicité et de marketing qui sont intégrées aux campagnes présidentielles. Roosevelt a été le premier à s’en servir. Marcel Bleustein-Blanchet, fondateur de Publicis, va les introduire en France.
– Des sondages d’opinion, comme outils au service du conformisme.
– De l’obéissance à l’autorité incarné par l’État. Cette obéissance est bien sûr renforcée en temps de guerre. D’où l’importance de bien identifier les ennemis. L’anticommunisme a été un ennemi de longue date, remplacé récemment par l’antiterrorisme.

IV – La modèle de propagande en démocratie

Noham Chomsky a proposé un modèle de propagande en démocratie qui contient notamment :
– La sélection des acteurs de la propagande, et l’intériorisation des orientations.
– La propriété ou le contrôle des médias. L’achat d’encarts publicitaires est une manière de s’assurer de leur dépendance.
– La capacité à créer des contre-feux pour contester des informations défavorables.
Ce modèle est beaucoup plus viable qu’un système de censure.

David Colon consacre de longue page sur la concentration des médias :
– Aux États-Unis dans les années 1980, 50 firmes géantes dominaient les médias. Elles n’étaient plus que 7 en 2018. Disney contrôle à lui seul près de 40% du marché américain.
– En France le marché se partage entre 10 milliardaires, dont le métier d’origine est très éloigné des médias. Ils sont dans les télécoms, le luxe, l’armement… Et la « déontologie journalistique n’est pas la priorité ».
Cette concentration à des effets délétère :
– D’abord, elle facilite la censure.
– Et incite les journalistes à l’auto-censure.
– Ensuite, elle facilite la valorisation des clients des entreprises du propriétaire du média.
– Elle limite le nombre de sources d’informations.
« La force de ce modèle de propagande est de reposer davantage sur l’intériorisation de la contrainte que par son exercice coercitif’.

Publication de la suite … demain.

Jérôme Bondu

N’hésitez pas à consulter les formations Inter-Ligere sur l’influence :

I1 – Formation Lobbying, influence et cartographie décisionnelle.
I2 – Formation Gérer les rumeurs et les crises sur Internet.
I3-  Formation Développer son réseau relationnel.
I4-  Formation Développer son réseau relationnel et se former au langage non verbal.
I5-  Formation Stratégie de communication dans les médias sociaux.

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