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Géopolitique

À lire : Les voies de la puissance – géopolitique au 21ème siècle

By 15 mai 2023No Comments
géopolitique au 21ème siècle

J’ai lu « Les voies de la puissance » de Frédéric Encel. Sous-titré « géopolitique au 21ème siècle« . J’avais eu le plaisir d’écouter Frédéric Encel il y a une bonne quinzaine d’années et j’avais beaucoup apprécié son discours dynamique. C’est le premier livre que je lis de lui.

Géopolitique au 21ème siècle

Frédéric Encel traite de la puissance, comme le titre le laisse entendre. Dans une première partie, il évoque les critères, moyens et instruments de la puissance. Frédéric Encel passe en revue le collectif, le religieux, la nation … La force de la démographie, l’indispensable prise en compte de la géographie. L’armée évidemment. La diplomatie et le renseignement. L’économique et le social pou finir.

Puissances étatiques d’aujourd’hui et de demain

Dans une deuxième partie, il passe en revue les puissances étatiques. J’ai préféré ce chapitre, dans lequel il présente à grands traits les États-Unis, la Chine, l’Europe, et une vingtaine d’autres nations.
La France est présentée comme une « grande puissance pauvre ». Mais loin du misérabilisme si classique quand un Français parle de la France, il fait le constat que « la France demeure dans le club très fermé de ceux susceptibles d’afficher ne serait-ce que quelques-uns des atouts suivants : un siège permanent au Conseil de Sécurité, la possession de la bombe atomique (…) et des vecteurs redoutables (…), la capacité humaine, politique et logistique de projection dans des quantités de bases lointaines, la possession en plaine souveraineté du deuxième domaine maritime au monde en surface et en répartition (…), un siège important au sein de la plus puissante alliance militaire (l’OTAN), ou encore la capacité de concevoir, fabriquer et commercialiser des matériels stratégiques à très haute valeur ajoutée … ». Il est important de garder tout cela en tête.

Face à l’État, de nouveaux acteurs

Dans une troisième partie, il s’interroge sur les nouveaux acteurs qui pourraient faire face à l’État. Autant dire tout de suite qu’il démontre qu’aucun nouvel acteur n’a ou n’aura dans un avenir proche la puissance des États. Ni les regroupements d’États (comme l’ONU). Ni les géants privés que sont les GAFAM ou BATXH. Sur ce point, je ne suis pas tout à fait d’accord avec lui, mais j’aimerais vraiment qu’il ait raison. Dans un exercice de pensée intéressant, il imagine que les GAFAM deviennent réellement un État, par le biais, par exemple, du rachat d’une ile auprès d’un État caribéen désargenté.
Il continue dans ce chapitre à énumérer les puissances qui pourraient défier les États. Mais selon lui, ni les religions, ni l’opinion publique, ni les mafias ou les organisations terroristes ne pourront se montrer dangereuses pour les États. Car rares sont les structures qui veulent les abattre. En général, elles veulent incarner un nouvel État, et reprendre les instruments du pouvoir à leur compte.
C’est un livre riche en explications, démonstrations, digressions géopolitiques. J’y ai repéré notamment le nom de la jeune vietnamienne brulée au napalm et dont la célèbre photo a contribué à rendre la guerre américaine si impopulaire : elle s’appelle Kim Phuc.

Sa conclusion est sans appel : dans une optique de rapport de force, il ne faut « jamais abandonner la possession des attributs de la puissance ». À bon entendeur….

Critiques

Deux petites critiques cependant :
Écrire un livre est souvent un travail sur le long terme, et les dernières relectures peuvent être pénibles. C’est ce qui explique sans doute que l’auteur n’a pas mis à jour un paragraphe dans lequel il dit que la guerre en Ukraine est « pour l’heure – à l’est de l’Ukraine en conflit de « basse intensité » depuis 2014 » (p244). Évidemment écrit avant l’invasion russe. Mais c’est un détail.

Plus gênant en revanche, est le style de l’auteur qui produit régulièrement des phrases interminables, fortes de parenthèses, tirets, virgules… Je me suis demandé si certains passages n’étaient pas des retranscriptions de conférences. Mais il faut passer au-dessus pour apprécier l’analyse de Frédéric Encel.

Au final, un livre à lire pour mesurer la force et de la pérennité des États.

Géopolitique au 21ème siècle est édité chez Odile Jacob.

Autres références géopolitiques

Dans le domaine de la géopolitique, on pourra se reporter utilement à la formation : mettre en place et optimiser une veille géopolitique.

On pourra aussi consulter les articles de ce blog qui évoquent les différents aspects de la géopolitique au 21ème siècle.
– Les grands enjeux géopolitiques du 21ème siècle ?
– À lire : Géopolitique des données numériques. Amaël Cattaruzza.
Géopolitique d’internet : Vivre dans la vie réelle comme sur internet serait un enfer.
– À lire : Géopolitique du Darknet. De Laurent Gayard.
– Compte rendu de la conférence : Quel avenir pour la Syrie ? Quel rôle pour la France ?
– Compte rendu de la conférence : Révolution dans le monde arabe.
– Géopolitique de l’eau : Quel est l’avenir de l’eau ?

Jérôme Bondu

 

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