J’ai lu « Le roman du terrorisme » de Marc Trévidic. Le livre est publié par Flammarion. J’ai acheté le livre directement auprès de Marc Trévidic sur le Salon du livre d’EcoPoss à la Catho de Lille. Les phrases entre guillemets sont de Marc Trévidic.
Marc Trévidic
Ce livre est très particulier. Marc Trévidic incarne le terrorisme qui s’exprime dans le roman à la première personne. Le terrorisme est ainsi personnifié. « Je ne sais pas grand-chose de mes ancêtres, sinon qu’ils remontent au début de l’humanité, dès que l’homme voulut posséder du pouvoir sur ses semblables et que la mort lui fit peur. » Inutile de dire que ce héros est forcément cynique et déstabilisant.
Le personnage principal (le terrorisme, donc) se présente au travers de son géniteur : Hassan Ibn Sabbah, le fondateur de la secte des Assassins. Sans rentrer dans des détails obscurs, il était le chef de la branche chiite ismaélienne des nizârites, secte perse du XIè siècle après JC. Le vieux de la montage (surnom du fondateur) aura construit sept préceptes, sept piliers fondateurs.
Le dernier chapitre est encore plus déstabilisant, quand il présente une sorte d’enfer dans lequel Marc Trévidic décrit les peines atroces qu’endurent ceux qui ont perpétré des actes terroristes. Il y a une dimension ésotérique dans son ouvrage.
Néanmoins, on peut se laisser emporter par l’ouvrage. Trois éléments m’ont particulièrement intéressé :
Piliers du terrorisme vu par Marc Trévidic
D’abord la présentation des piliers du terrorisme :
– La dissimulation, taqiyya en arabe.
– Le besoin d’une cause.
– Le besoin d’un ennemi.
– La capacité à se servir de son ennemi.
– Le besoin d’un héros.
– La capacité à endoctriner.
– Le besoin d’une organisation.
– Les deux derniers piliers sont plus ésotériques, mais peuvent se résumer dans le sens de protéger le secret.
Marc Trévidic présente dans la même veine les sept règles de l’Askhinaï-risk (que l’on pourrait traduire par l’endoctrinement) :
– Choisir ses cibles parmi des gens ni trop stupides, ni trop intelligents.
– Savoir gagner la confiance.
– Faire naitre le scepticisme sur l’ordre établi (à combattre).
– Transformer l’adhésion en obéissance à une personne.
– Entretenir la flamme.
– Rabâcher sans cesse les principes.
– Expliquer que le terrorisme est la continuation de la guerre par d’autres moyens (et que la fin justifie les moyens).
Parcours de terroristes
Un des apports les plus intéressants à mes yeux réside dans les histoires que le Marc Trévidic relate. L’ancien juge d’instruction au pôle antiterroriste a bien évidemment une connaissance fine et intime du parcours des terroristes. Ses récits sont poignants, déstabilisants. Il évoque notamment :
– Le capitaine irakien Hartih al-Sudani qui a infiltré Daesh.
– Le terroriste Shezad de Falls Church.
– L’horrible parcours de Karel Leendert, alias Abou Jihed.
– La très jolie et naïve Juliet-Ann Bolen, piégée pour devenir une mule.
Références sur le terrorisme
Fausses pistes, selon Marc Trévidic
Évidemment Marc Trévidic a une culture immense de son sujet. On y apprend une foule de choses. Et il fait passer des messages politiques …
– Par exemple que Mandela, qui n’a jamais utilisé le terrorisme, a néanmoins été « condamné pour terrorisme aux travaux forcés à perpétuité. Et il restera inscrit sur la liste noire américaine des terroristes jusqu’en 2008 ».
– Il critique le pouvoir qui a parfois dirigé la justice sur de fausses pistes. « Alors même que l’État accusait ouvertement l’extrême droite (pour l’attentat de la rue des rosiers) comme pour l’attentat de la rue Copernic deux années plus tôt, la Direction de la surveillance du territoire (DST) prenait rendez-vous avec le groupe Abou Nidal ». Curieux d’en savoir plus, l’ai été lire la fiche Wikipédia, et on y lit que la DST a effectivement passé un marché avec Abou Nidal. « En 2018, Yves Bonnet, directeur de la DST à l’époque de l’attentat, révèle qu’un « marché non écrit » a été conclu avec le groupe d’Abou Nidal, en 1982 après son identification comme l’auteur de l’attentat. Le groupe s’était engagé à ne plus commettre d’attentats en France, en échange de quoi ses membres pouvaient continuer de venir dans le pays ».
– De ce fait on peut s’interroger : et par exemple, se demander pourquoi les Brigades rouges italiennes ont pu rester impunément en France malgré les crimes commis dans la péninsule italienne. Est-ce qu’un marché similaire aurait été passé ?
Rançons et parodie de justice
– Marc Trévidic explique que le pouvoir politique paye les rançons, contrairement à ce qu’il prétend. « Et que dire des simagrées des États occidentaux dans les affaires de prise d’otages ? Ils ne négocient jamais avec mes obligés, prétendent-ils, alors qu’ils le faisaient toujours. Ils ne payaient jamais les rançons, puisqu’ils le faisaient faire par d’autres, avec des fonds secrets qui transitaient par la Suisse ou en demandant à un pays ami de payer l’addition ». Et plus loin le juge continue « L’argent a coulé à flots. Les mensonges de vos dirigeants également que nous n’avez jamais sanctionnés pour cela ».
– Il évoque aussi la parodie de justice de la cour pénale internationale. « Cette cour, depuis sa création, n’a jugé que seize personnes originaires de sept États africains. Il s’agissait exclusivement de dirigeant ou de membres importants de dictatures renversées. En somme, ne sont justiciables de la Cour pénale internationale que les dictateurs africains ayant perdu le pouvoir ». Marc Trévidic envoie du bois.
Pour finir
Même si la posture est particulière, avec le terrorisme incarné qui s’exprime à la première personne, on y apprend beaucoup. À lire, donc … Voici une formation sur la veille géopolitique.
Voici quelques autres références de romans sur le terrorisme ou policiers
- 2034 d’Elliot Ackerman et James Stavridis.
- romans érudits et quête mystique.
- « Furie Divine » et « La formule de Dieu ». Deux ouvrages de José Rodrigues Dos Santos.
- L’envol des faucons & Cyber games, de Mark Zellweger.
Jérôme Bondu