Note de lecture : L’âge du capitalisme de surveillance de Shoshana Zuboff. L’ouvrage explique avec détails les rouages du capitalisme de surveillance.
J’ai lu L’âge du capitalisme de surveillance de Shoshana Zuboff. Shoshana Zuboff est professeure émérite à la Harvard Business School et professeure associée à la Harvard Law School.
Internet est devenu un véritable panoptique informationnel
Je l’ai lu en anglais, et l’ouvrage m’a paru très dense et difficile à lire. J’ai regretté ce choix, car le contenu est passionnant. L’auteur détaille toutes les étapes de la mise en place du capitalisme de surveillance. Sa démonstration est sans appel. Internet est devenu un véritable panoptique informationnel, une prison virtuelle d’où l’on peut surveiller tous les internautes à partir d’un poste d’observation unique. On ne peut que s’insurger contre la léthargie dans laquelle se trouve plongée l’immense majorité des internautes qui acceptent, par ignorance ou par fatalité, cette perte de maîtrise de leur vie.
Dans cette vidéo de 3 minutes, Shoshana Zuboff explique de manière très claire et limpide que le capitalisme a « grandi » en faisant rentrer des éléments qui en étaient en dehors de la zone marchande. Par exemple la « nature » est devenue « propriété » et a pu ainsi être vendue au plus offrant sous forme de terrains, champs… La révolution numérique a fait rentrer dans la zone marchande un nouveau produit : nos données, notre comportement, notre intimité.
Ces éléments ne sont pas revendus en tant que tels (brut), mais sous forme de produit transformé, ramifié, par les outils d’intelligence artificielle, et sous forme de « prédiction » de ce que nous allons faire. Les acheteurs sont des assureurs (marché assurantiel), des professionnels du médicament (marché de la santé), de la formation, de la sécurité… Ceci est permis par deux éléments : d’une part, les immenses capacités de collecte des outils que nous utilisons tous les jours. Et d’autre part, les capacités d’analyse des outils d’intelligence artificielle.
Le nouveau capitalisme change notre comportement
Loin d’en rester là, les tenants de ce nouveau capitalisme changent notre comportement. La surveillance et la prédiction ne sont que le premier étage de la fusée. Le second étage réside dans la modification de notre perception. Et l’on en a déjà eu des aperçus avec le scandale de Facebook-Cambridge Analytica qui ont modifié les votes des électeurs américains et anglais et permis l’élection de Trump et le Brexit.
Shoshana Zuboff conclue : notre futur, notre avenir est vendu dans une nouvelle place de marché !
On peut lire sur la 4e de couverture
« Bienvenue dans le capitalisme de surveillance ! Les géants du web, Google, Facebook, Microsoft et consorts, ne cherchent plus seulement à capter toutes nos données, mais à orienter, modifier et conditionner tous nos comportements : notre vie sociale, nos émotions, nos pensées les plus intimes… jusqu’à notre bulletin de vote. En un mot, décider à notre place.
Des premiers pas de Google au scandale de Cambridge Analytica, Shoshana Zuboff analyse cette mutation monstrueuse du capitalisme, où la souveraineté du peuple est renversée au profit non pas d’un État autoritaire, comme on pourrait le craindre, mais d’une nouvelle industrie avide et toute-puissante, menaçant dans une indifférence radicale notre libre arbitre et la démocratie.
Il est urgent de développer des outils pour appréhender cette situation « sans précédent » et provoquer une prise de conscience internationale. Unanimement salué par la presse, L’Âge du capitalisme de surveillance est un appel à la résistance. »
Sur le même sujet, je vous recommande
– Les GAFAM contre Internet, de Nikos Smyrnaios.
– Souveraineté numérique, de Pierre Bellanger.
– Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien, de Pascal Perri
Lire aussi mes Conseils de lecture en intelligence économique / 200 livres analysés / 20 ans de lecture.
Il y a aussi cette animation qui présente très bien les messages de Zuboff. Elle a été postée 28 décembre 2020 et n’a que 11,328 vues. La vidéo présentée plus haut a 23 000 ce qui n’est guère mieux.
Jérôme Bondu
