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À lire : Human psycho – L’espèce la plus dangereuse de la planète

By 12 mars 2024mars 16th, 2024No Comments
espèce la plus dangereuse de la planète

J’ai lu « Human psycho » de Sébastien Bohler éditée en 2022. Le sous-titre donne le ton : « Comment l’humanité est devenue l’espèce la plus dangereuse de la planète ».

Cet article fait parti d’une série qui pose la question du sens. A l’heure de l’intelligence artificielle générative, j’ai voulu creuser le sujet par quelques lectures édifiantes.

  • Le bug humain, de Sébastien Bohler (lire aussi le résumé cartographique du livre).
  • Ou est le sens, de Sébastien Bohler.
  • Human psycho, de Sébastien Bohler.
  • Striatum, de Sébastien Bohler.
  • L’odyssée du sacré, de Frédéric Lenoir (lire aussi les notes additionnelles).
  • La science peut-elle tout expliquer, de John Lennox.
  • Sapiens, la bande dessinée.

Ancien élève de l’École polytechnique, Bohler est docteur en neurobiologie et rédacteur en chef de la revue Cerveau & Psycho.

L’espèce la plus dangereuse de la planète

Les psychopathes sont parmi nous

L’Humain, l’individu, est éduqué pour bien se comporter. Il y a néanmoins 1% de psychopathes autour de nous. Leurs caractéristiques sont bien connues. Il y a en a quatre :

  1. Ils se voient comme le nombril du monde.
  2. Ils sont dénués d’empathie.
  3. Les psychopathes instrumentalisent leur prochain.
  4. Ils ne savent pas se projeter dans l’avenir.

Super-organisme

Le problème est que si l’on considère l’humanité dans son ensemble, on se rend compte qu’elle agit comme un véritable psychopathe envers l’environnement. Et est, de ce fait, l’espèce la plus dangereuse de la planète. Reprenons les quatre caractéristiques de la psychopathie :

  1. L’humanité se prend pour le nombril du monde, et se place comme une création magnifique, un aboutissement du règne animal, ou mieux, une création de dieu (et à l’image de dieu, évidemment).
  2. L’humanité n’a aucune empathie pour les autres animaux, son écosystème, qu’il détruit impitoyablement. Notre score d’empathie envers les autres espèces vivantes est inversement proportionnel à la distance phylogénétique que nous sépare de ces espèces. Plus nous avons développé une empathie avec nos semblables (les autres humains) plus nous nous sommes éloignés des autres espèces animales. Le développement des relations commerciales, le développement de l’imprimerie, sont autant de jalons importants dans le développement de l’empathie inter-humains. L’auteur cite René Girard : « la logique de distribution de l’empathie par vases communicants qui tend à s’amplifier à l’intérieur de l’endogroupe (devenue l’humanité tout entière) et à diminuer vis-à-vis de l’exo-groupe (la planète et ses non-humains). » Évidemment à cela se rajoute l’urbanisation qui nous éloigne encore de la nature. Les projections pour 2100 sont alarmantes, et estiment que 70% de la population sera définitivement coupée de la nature. Il faudrait un procès de Valladolid pour redonner une place aux animaux.
  3. L’humanité instrumentale tout ce qui peut l’être … la terre, la mer, l’espace …
  4. L’humanité est incapable de se projeter dans l’avenir. C’est la dictature du court-termisme.

Atrophie du cortex orbitofrontal

Dans le « Le bug humain » Sébastien Bohler se basait sur l’étude du striatum. Dans « Où est le sens » il se basait sur le cortex cingulaire. Dans « Human Psycho » l’auteur se base sur l’étude du cortex orbitofrontal. Le super-organisme que nous formons est privé de ce cortex orbitofrontal, et est de facto l’espèce la plus dangereuse de la planète. Sébastien Bohler ne mâche pas ses mots : « l’humanité est violente ». Nous sommes un « poison à pénétration » pour la nature. L’humanité n’est « pas du tout intelligente. Elle agit aveuglément et n’a pas la présence d’esprit de modifier son fonctionnement pour éviter sa propre destruction. Elle est lâche, préférant croire aux mirages de sa propre technologie plutôt que d’affronter la réalité en face ».

Comment guérir l’espèce la plus dangereuse de la planète ?

Solution

Face à portrait clinique des pathologies de ce super-organisme, Sébastien Bohler propose des solutions.

  • Remettre à sa place l’Humanité. Non, nous ne sommes pas créés par un ou des dieux. Nous sommes juste une des branches du vivant tel que Darwin l’a démontré il y a près de 200 ans.
  • Réintégrer de l’empathie envers les autres animaux, et notre écosystème au sens large. L’auteur évoque les tentatives de créer une personnalité juridique pour les fleuves tel que l’Équateur l’a fait. Cela permet de défendre un écosystème avec les armes du droit, dans des procès … et de gagner.
  • Bloquer l’instrumentalisation des choses et des êtres. L’auteur évoque une entité au-dessus des pays, comme l’ONU, qui aurait un pouvoir sur les États. Il évoque aussi la piste d’une intelligence artificielle nourrie de toutes les données économiques de toutes les entreprises de la terre, et qui pourrait juger selon des critères objectifs. Mais ceux deux idées soulèvent d’immenses problèmes, notamment en termes de souveraineté. Les travaux issus du domaine de l’intelligence économique le démontrent bien.
  • Réintégrer une vision d’avenir dans les décisions économiques et politiques. Mais là encore, il faudrait pouvoir dépasser le court-termisme des élections.
  • L’auteur rappelle l’expérience de Milgram qui transforme les individus en « état agentique ». Et cite bien sûr Arendt et la banalité du mal.

Neurones de l’être global

Mais tout n’est pas perdu. Car si nous format un super-organisme, chacun de nos résonnements individuels peut être vu comme un « neurone de l’être global ».

Découvert au passage

L’auteur glisse régulièrement des informations incroyables.

  • Comme le fait qu’il y a 1% de psychopathe dans le monde. Mais 4% dans les échelons supérieurs des entreprises. Et 10% dans les sphères de la finance de wall street. « Plus vous manipulez l’argent, plus vous manipulez les vies ». Madoff en est le parangon ultime.
  • Pour chaque calorie alimentaire que nous consommons, l’industrie agroalimentaire en dépense 7,3 pour la produire (en pétrole et charbon). Voir la note de lecture de Christophe Brusset : Les imposteurs du bio  ; La malbouffe contre-attaque  ; Grande désinformation de l’industrie agroalimentaire.
  • On ne sait pas reconnaitre la souffrance du vivant. L’auteur cite le fait qu’il y a trente ans encore, on prétendait que les nourrissons ne souffraient pas. On opérait les bébés en néonatalogie sans la moindre anesthésie ! Oupssss (p221)

Mon avis

C’est un ouvrage très intéressant qui se place dans la continuité du « Bug Humain » et de « Où est le sens ». Le constant me semble tout à fait pertinent. Les propositions me semblent, en revanche, très difficiles à mettre en œuvre. Il faudrait une véritable révolution copernicienne. Mais l’enjeu est si important, que nous allons devoir retrousser nos manches tôt ou tard.

« Human psycho » est édité chez Bouquins.

À lire pour ne plus faire partie de l’espèce la plus dangereuse de la planète 😉

Jérôme Bondu

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