J’ai beaucoup aimé Homo informatix, de Luc de Brabandere (lire sa fiche Wikipedia). C’est un petit livre condensé en 130 pages qui se lit très vite.
Vingtaine de penseurs
Le début est un concentré de culture mathématico-philosophiquo-logique … Il présente une petite vingtaine de penseurs et leurs apports respectifs à ce qui va devenir les sciences de l’information et l’informatique. Il évoque Pythagore, Héraclite, Platon, Pascal, Descartes, Kant, Leibniz, Boole, Shannon, Turing, Russel,… C’est passionnant.
Luc de Brabandere quitte une forme d’écrire descriptive et neutre pour passer à l’offensive vers la 100ème page en expliquant ce qu’est un algorithme, et pourquoi nous devons avoir un recul critique. Il touche dans le mille quand il rappelle que l’objectif des géants de l’internet est la « création d’une dépendance de l’utilisateur ».
Luc de Brabandere explique pourquoi :
– Internet n’est pas un espace public.
– Internet n’est pas mondial.
– Internet n’est pas écologique.
– Internet n’est ni virtuel ni immatériel.
– Internet n’est pas transparent.
– Internet n’est pas neutre.
– Internet n’est pas (…) compris dans son fonctionnement.
– Internet n’est pas garant d’une économie de marché.
– Internet n’est pas garant de la démocratie.
– Internet ne détient pas la vérité.
– Internet n’est pas amical.
– Internet n’est pas libre.
– Internet n’est accessible … qu’en partie.
– Internet n’est pas équitable.
– Internet n’est pas gratuit.
– Internet est surtout le plus grand défi jamais posé à nos démocraties.
Critique de la raison informatique
J’ai adoré cette partie où l’auteur fait la « critique de la raison informatique ». A chaque formation que j’anime sur la veille et l’intelligence économique, je passe toujours au moins une demi-heure à expliquer chacun de ces points. Les lire sous la plume de ce philosophe est un vrai bonheur.
Le chapitre suivant s’attaque à démolir l’admiration béate que certains entretiennent envers l’intelligence artificielle, et il étrille au passage les transhumanistes de la Silicon Valley et le concept de singularité.
Seul bémol, la fin m’a laissé un peu sur ma faim. Luc de Brabandere s’étale sur des exemples de traduction qui n’ont pas la pertinence du reste du livre.
A lire donc, pour une bonne compréhension d’internet et de l’homo informatix que nous sommes devenus.
En complément :
– On pourra voir une vidéo de l’auteur sur la créativité.
– Ainsi que cette analyse vidéo du livre.
– Enfin je recommande cet excellent résumé de Jean-Noël Dibie pour Atlantico.
Lire mes autres notes de lecture.
Jerome Bondu