Intelligence artificielle, quelles applications possibles dans un futur proche ? A quoi ressemblera le monde avec le développement de l’intelligence artificielle dans 20 ans ?
Depuis le coup de feu de chatGPT (voir mon article sur les biais de ChatGPT et les stéréotypes de ChatGPT) on parle énormément d’intelligence artificielle. Cela tombe bien pour poster une nouvelle note de lecture. J’ai lu en anglais « AI 2041 », ouvrage de Kai Fu Lee et Chen Qiufan. Je précise comme à chaque fois, que cette note de lecture n’est ni résumé ni une synthèse. J’ai essayé de reprendre quelques éléments saillants du livre. Les phrases entre guillemets sont des auteurs et n’engagent qu’eux.
L’ouvrage est composé de dix courtes histoires, comme autant de projections dans l’avenir. Elles sont suivies de commentaires plus techniques de Kai Fu Lee. J’ai beaucoup aimé ce livre. Chaque histoire est passionnante et nous emporte dans un monde tantôt utopique tantôt dystopique.
L’auteur, Kai Fu Lee
J’avais déjà apprécié le précédent livre de Kai Fu Lee « Intelligence Artificielle. La plus grande mutation de l’histoire ». Kai Fu Lee est un acteur de premier plan au niveau mondial. Il est de formation informaticien, homme d’affaires et écrivain taiwanais, actuellement basé à Pékin en Chine. On peut lire sur Babelio : « Il a développé le premier système de reconnaissance vocale continue au monde, indépendant du locuteur, dans le cadre de sa thèse de doctorat à l’université Carnegie-Mellon. Il travaille ensuite comme cadre, d’abord chez Apple, puis SGI, Microsoft, et Google. Figure médiatique de l’internet chinois, il est le président-fondateur de Microsoft Research Asia de 1998 à 2000, puis président de Google China de juillet 2005 au 4 septembre 2009. »
Intelligence artificielle, applications possible
Personne ne peut passer à côté du sujet de l’AI. J’en suis pour ma part à ma 5ème lecture sur le sujet.
Ce nouveau livre est intéressant à lire pour appréhender l’IA sous forme d’un roman ! C’est un parfait complément des ouvrages précédents que j’ai lus sur le sujet, et qui sont un peu plus techniques :
– Luc Julia : L’intelligence artificielle n’existe pas.
– Aurélie Jean : De l’autre côté de la machine.
– Cécile Dejoux : Ce sera l’IA et Moi.
– Kai Fu Lee : IA, la plus grande mutation de l’histoire.
Les auteurs de « AI 2041 » abordent l’impact de l’IA dans de multiples secteurs : Impacts dans le domaine de la finance, santé et assurance, sécurité, éducation et formation, santé, revenus universels, place dans la société et réalisation de soi …
Ils vulgarisent de nombreuses technologies : deep learning, GANS, NLP, GPT3, VR, AR, MR, …
Plénitude contre singularité
Kai Fu Lee s’appose aux partisans de la singularité et propose le modèle de la « plénitude ».
Selon l’auteur, la singularité n’arrivera pas rapidement, en tout cas pas avant 2041. Il rejoint en cela des experts comme Luc Julia. Kai Fu Lee explique qu’en 60 ans d’existence de l’IA nous avons eu qu’une seule véritable percée technique avec l’apprentissage profond. Et qu’il en faudrait beaucoup d’autres pour arriver à la singularité.
Extrait du livre « Are these scientific breakthroughs possible? Perhaps one day, but they will not come easily or quickly. In the sixty-five years of AI history, arguably there has been just a single breakthrough: deep learning. We will need at least a dozen more breakthroughs to reach superintelligence, which is unlikely to happen in just twenty years.”
Par contre, il pense que ce qu’il nomme la « plenitude » (en anglais donc sans accent) est atteignable. Il conclut son ouvrage sur la nécessaire complémentarité, voire fusion entre l’humain et la machine :
« In the story of AI and humans, if we get the dance between artificial intelligence and human society it would unquestionably be the single great achievement in human history”.
Vision idyllique des applications en intelligence artificielle
L’auteur est clairement à ranger dans le camp des technosolutionnistes, car il entrevoit avec le développement de l’intelligence artificielle beaucoup de solutions à nos maux actuels. Il prédit une quasi-gratuité de beaucoup de biens de consommation comme l’eau et l’électricité.
Extraits :
« AI and other technologies will drive down the cost of almost all goods, most of which will be produced for next to nothing.”
Plus loin “Most vegetables and fruits can be produced on vertical farms that are really automated factories, and the cost will plummet with economies of scale. Eventually the primary cost of these farms will be electricity, water dans fertilizer. We know from the previous section that the electricity and water will become almost free.” Rien que cela !
A l’image de ces deux passages, on voit que l’auteur n’intègre pas dans sa vision les rapports de force, les impacts négatifs pour l’Europe de la domination des deux géants américains et chinois, notre dépendance informationnelle, la possible guerre froide numérique qui risque de découler de leur affrontement… Vue de ma fenêtre, soit Kai Fu Lee vit dans le monde de Oui-oui, soit il promeut volontairement un monde idéal, car cela bénéficiera de facto à la Chine, et il travaille donc sur commande. En tant qu’ancien patron de Google Chine, Taiwanais vivant actuellement à Pékin, la première option est exclue. Reste la seconde… Ce livre est donc intéressant, d’une part parce qu’il est plaisant à lire, et d’autre part parce qu’il présente la voix de la Chine.
Absence de l’Europe en intelligence artificielle
Dernière remarque : comme je l’avais déjà fait remarquer à l’occasion de son premier livre, l’Europe n’existe tout simplement pas pour lui. Nous sommes numériquement parlant inexistants. Reste à nos dirigeants européens à prendre acte. Et agir en conséquence. Et aux citoyens européens à prendre leur responsabilité. L’avenir numérique de l’Europe passera soit par le développement d’une indépendance / souveraineté numérique, soit verra la disparition de notre modèle. La grille de lecture de l’intelligence économique est essentielle pour comprendre les enjeux et agir.
« AI 2041 » ou l’intelligence économique dans 20 ans est donc une lecture hautement recommandée. Cela permet de mieux comprendre les possibles applications de l’intelligence artificielle.
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Jérôme Bondu
