Les événements autour de Twitter m’ont inspiré ce petit billet, posté sur le Blog Intelligence Economique des Echos. La version sur le blog des Echos n’est plus disponible sauf dans Archive.org.
Réflexion sur la démocratie numérique
Tweets calamiteux
Avec le Tweet de Valérie Trierweiller, les articles sur le site de microblogging fleurissent. On cite abondamment les tweets calamiteux et lourds de conséquences de Pierre Salviac, Eric Besson ou Joseph Tual…
Pour avoir lu quelques articles sur le sujet – notamment les articles du Point (21 juin) et du Nouvel Obs (21-27 juin), qui prennent d’ailleurs le même titre « Twitter m’a tuer » -, j’ai été très étonné par l’analyse des journalistes. Pour eux, la solution tient dans les précautions à prendre dans l’utilisation de Twitter ! Beaucoup citent d’ailleurs en exemple le profil de Mme Obama, qui est géré par son staff. OK, c’est en effet un des enseignements, mais à mes yeux ce n’est pas le plus important.
Nécessaire apprentissage
Car au-delà du nécessaire apprentissage de tout nouvel outil par celui qui le pratique (que ce soit Twitter, un smartphone, un vélo, une voiture…), il y a aussi la nécessaire sensibilisation de ceux qui sont impactés par l’outil. Ainsi, dans la conduite d’une voiture, il n’y a pas que le chauffeur qui doive faire attention, il y a aussi les piétons qui traversent. Il en est de même avec Twitter.
Si l’on analyse la chaine de responsabilité dans ces affaires, on trouve :
1. Une pensée malheureuse (ou décalée)
2. Une mauvaise utilisation de l’outil Twitter
3. Une diffusion disproportionnée
4. Une réaction du public irraisonnée
5. Une sanction (parfois) irrationnelle de la part des employeurs ou autorités compétentes
Quotient Intellectuel d’un tweet
Si les auteurs des Tweets ont visiblement fait une erreur, le public en fait aussi une en sur-réagissant. Une blague consiste à dire que le Quotient Intellectuel d’une foule se calcule de la manière suivante : on prend le « type » le plus bête de la foule, et on divise ce chiffre par le nombre de participants. Je propose une adaptation pour calculer le QI d’un Tweet : on compte le nombre de caractère, et on divise par le nombre de retweets.
Il me semble donc que la faute est largement partagée entre l’émetteur, le public, et les décideurs. Aucun des trois n’a eu la bonne réaction. Le problème est que dans notre démocratie, le nombre fait loi. Dans cette logique, la masse rugissante des utilisateurs de Twitter ne peut donc avoir tort, et ses indignations sont légitimes.
Ces outils donnent une force que les internautes ne savent pas encore maitriser, et que les observateurs (journalistes, politiques, …) ont du mal à mesurer. Nous sommes en phase d’apprentissage, et il faudrait vraiment une éducation sur internet et sur ces outils. La démocratie numérique n’en est qu’à ses débuts.
Jérôme Bondu
Auteur de : Maîtrisez internet… avant qu’internet ne vous maîtrise ! et Petit bestiaire de la gestion des informations.