Stratégie réseau, comment sortir de l’amateurisme ? Voilà une des questions auxquelles vous trouverez des réponses dans le compte rendu de la conférence de Christian Marcon sur le thème « Stratégie Réseau : Comment mobiliser des acteurs au service d’un projet ? ». Cette conférence a été tenue au sein du Club Intelligence Economique et Stratégique – AAE IAE de Paris le 27/11/2002. (lire aussi les comptes rendus de conférence de Daniel Rouach et Hervé Bommelaert).
Stratégie réseau
Présentation de Christian Marcon
Christian Marcon est Directeur de l’IUP Information et Communication d’Entreprise de l’ICOMTEC (Institut de la Communication et des Nouvelles Technologies) Université de Poitiers. Il est co-auteur avec Nicolas Moinet de La Stratégie Réseau Editions 00h00.com
Résumé de la réunion
Cet exposé a eu pour but de répondre à quatre questions :
- Comment passer d’un réseau relationnel à une véritable stratégie réseau ?
- Comment mettre en œuvre une stratégie réseau efficace ?
- Quelles sont les croyances dangereuses qui tuent la stratégie réseau ?
- Comment articuler stratégie réseau et management des connaissances ?
A. Comment passer d’un réseau relationnel à une véritable stratégie réseau ?
Il faut bien faire la différence entre réseau relationnel et stratégie réseau.
Le réseau relationnel peut être issu de la famille, de son travail, de la fréquentation de Clubs de toutes sortes … C’est un acquis plutôt que la résultante d’une construction. Chacun peut connaître ainsi par le biais de ses diverses activités entre 500 et 3000 personnes. Ce réseau sert généralement à obtenir des menus services avec une certaine convivialité … Ce qui différencie ce réseau relationnel de la stratégie réseau est l’intention stratégique . C’est à dire le fait d’avoir un but et une méthode pour la construction d’un réseau.
B. Comment mettre en œuvre une stratégie efficace ?
En matière de stratégie réseau comme dans beaucoup d’autres domaines, il n’y a pas de recette miracle, s’empresse de dire notre intervenant. Voici néanmoins quelques conseils issus de ses recherches et de son expérience.
Conseil n°1 : Ne pas rejeter l’idée même de réseau
Un réseau humain n’est qu’un outil ! Tout dépend de la manière dont on l’utilise, et donc de l’éthique de la personne. A titre d’illustration, si l’on utilise un marteau pour enfoncer un clou, ce n’est que du bon sens ! Si l’on utilise le même marteau pour tout autre emploi, le marteau n’est en rien la cause de sa mauvaise utilisation. Il en est de même pour « l’outil » réseau.
Conseil n°2 : Formuler un projet
Il est important que le projet soit clairement formulé, car de sa formulation va dépendre :
- Les personnes impliquées
- L’identification des environnements à intégrer (les domaines, les acteurs…)
- L’identification des facteurs clés de succès.
Conseil n°3 : Réunir les conditions favorables à la création d’un réseau Ces conditions sont de trois ordres :
- Avoir des dispositions personnelles favorables
- Avoir quelque chose à apporter, avoir une « matière première personnelle »
- Enfin, avoir un projet fédérateur.
Conseil n°4 : Donner une réalité opérationnelle du réseau
- Avoir une infrastructure. Ce peut être un local, une liste de diffusion sur Internet, une organisation (président, secrétaire, trésorier…) …
- Avoir des ressources : du temps, de l’énergie, de la diplomatie, …
- Enfin, avoir une « infostructure » : c’est le liant entre les personnes. C’est ce que fait que les personnes du réseau vont tenir le même langage et se comprendre. On observe cela (à des niveaux différents) parmi les gens d’un même métier, d’une même corporation, d’une même école, d’une même région.
Conseil n°5 : S’investir dans l’apprentissage relationnel
Créer et animer un réseau demande un investissement de soi.
Conseil n°6 : Jouer aux intersections de l’intelligence collective
Un réseau fonctionnera mieux avec un système de gestion souple (un « maillagement » nous dira notre invité), plutôt qu’un management directif.
Conseil n°7 : Laisser de la souplesse dans le réseau
Il y a un juste milieu à trouver entre ordre et désordre.
C. Comment articuler stratégie réseau et management des connaissances ?
La gestion des connaissances est un principe ayant pour objectif que l’information se diffuse au mieux et se pérennise. Qu’est ce que peut apporter le réseau ? Le réseau humain permet :
- Une économie de moyens (temps, énergie, finance). Car la parole se diffuse beaucoup mieux que l’écrit. Par exemple, les notions que nous fait passer M.Marcon en une conférence de 45 minutes prendraient beaucoup de temps s’il avait dû les coucher sur le papier, et nous de les lire !
- Une synchronisation des pensées et des actions.
Dans tous les cas, M.Marcon nous met en garde sur un système de gestion des connaissances s’appuyant uniquement sur le « tout informatique».
D. Quelles sont les croyances dangereuses qui tuent la stratégie ?
Croyance dans l’optimisation du réseau avec des logiciels
Pour illustrer cette idée notre invité a une formule imagée qui résume bien son propos : « ce n’est pas parce que l’on a un processeur à la pointe de la technologie, … que l’on tape plus vite ! »
Croyance dans des routines imposées.
Imposer des contraintes (même si elles vont dans le « bon » sens) ne permet pas de réaliser un réseau solide : par exemple, l’obligation de poster régulièrement des messages dès lors que l’on est inscrit dans une liste de diffusion. Ou de remplir un rapport d’étonnement très structuré à chaque visite de salon. Cela a bien souvent un effet contraire à l’objectif recherché.
Croyance dans la mobilisation permanente.
Un réseau est un « corps vivant » qui a des pointes d’activité, qui se met en sommeille, … Il faut respecter un rythme biologique.
Croyance dans l’unicité des réseaux
Il n’y a pas unicité :
- ni des systèmes
- ni des intérêts,
- et non plus des solutions.
Il n’y a pas une seule et bonne méthode pour gérer des réseaux.
Croyance dans l’omnipotence des réseaux
Le réseau n’est pas la solution à tout. On ne peut pas tout faire passer dans un réseau, on ne peut pas tout dire. Il faut accepter une part de tacite.
Conclusion
En conclusion, notre intervenant nous met en garde sur quelques erreurs cardinales :
- Perdre ou oublier la finalité d’un réseau.
- Trop rigidifier les choses
- Vouloir aller trop vite. La construction d’un réseau demande du temps, le temps de la confiance.
Jérôme Bondu.
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