J’ai lu « Décoder l’info – comment décrypter les fake news ? » de Caroline Faillet. Le livre est édité chez Bréal
L’ouvrage est divisé en trois parties (que je vais présenter dans trois billets distincts) :
– Qu’est-ce qu’une fake news ?
– Faut-il s’inquiéter du phénomène ?
– Comment lutter contre les fake news ?
Avant de se plonger dans ce second article, on pourra consulter le premier : Qu’est-ce qu’une fake news ?. La question traitée ci-dessous est simple : Faut-il s’inquiéter du phénomène ? Et la réponse l’est tout aussi. Caroline Faillet avance multiples raisons :
Rôle des médias sociaux
– La démocratisation de la publication en ligne a fait sauter les filtres classiques (qu’assuraient par exemple les journalistes – ce que Gérald Bronner appelle les « gate keepers » ). Même le domaine scientifique, que l’on aurait pu croire préservé, est touché par cette disparition des filtres. Caroline Faillet cite le cas du chercheur en informatique Antkare qui par des publications automatisées (et factices) a réussi à gagner une « popularité » incroyablement rapide.
– Deuxièmement, les relais dans les médias sociaux sont encouragés et facilités. Une étude de juin 2016 montre que 70% des articles commentés sur Facebook le sont après la simple lecture du titre (p67).
Rôle des médias classiques
– De plus, la légitimation du faux va se faire via les médias classiques selon deux travers bien connus : d’abord, il vaut mieux parler d’un sujet avant les autres (les autres étant les concurrents journalistes), quitte à se rétracter par la suite. Suivant l’adage qu’une information et un démenti … cela fait deux articles ! On peut y voir une application du dilemme du prisonnier. L’auteur parle « d’un blanchiment de l’information sale ». Ensuite, parce qu’en donnant une voix égale, dans une logique démocratique, à des opinions contradictoires cela peut minorer la juste place de la vérité. La recherche d’audience peut passer par la création de la controverse, et donc encore une fois de la promotion du faux. Sans compter que les visions ou arguments anxiogènes ont plus de prise ou de place dans notre mémoire.
– Quatrièmement, d’autres phénomènes complémentaires sont en jeu qui amplifient le phénomène : La loi de « l’acceptabilité sociale » ou de la « démocratie de l’opinion », poussent parfois les contenus hétérodoxes. Le principe de précaution incite à prendre en compte tous les versants d’un sujet.
– Pour finir, les GAFAM jouent avec le feu en poussant ces contenus.
En complément, on pourra lire l’article d’Archimag d’où je tire la photo d’illustration !
Jérôme Bondu
On pourra lire aussi de Gérad Bronner « Apocalypse cognitive« .
Source photo : Archimag