Quels exemples pratiques de veille ? Quelles sont les meilleures pratiques de l’Intelligence économique ? Voici un extrait de la thèse professionnelle de Jérôme Bondu, portant sur un « benchmarking des pratiques de l’intelligence économique » (voir ci-dessous les descriptions d’entreprises). Retrouvez les prestations d’Inter-Ligere : conseil en organisation de système de veille, formations en intelligence économique, et publications.
Exemples pratiques de veille et d’intelligence économique
Vous trouverez ci-dessous le compte rendu d’entretien de l’entreprise M
Présentation des besoins de veille
Présentation générale de l’entreprise.
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CA : autour de 10 milliards d’euros.
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Culture de l’entreprise.
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L’entreprise est cloisonnée.
La technologie est mature.
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Environnement concurrentiel.
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En ce qui concerne la concurrence, des acteurs évoluant auparavant dans des domaines proches de celui de l’entreprise, ont petit à petit débordé sur le marché de l’entreprise.
Les investissements étant assez lourds, il en résulte un système de relation entre concurrents fait de coopération et de compétition (coopétition).
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Présentation de l’interlocuteur
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L’interlocuteur travaille au sein d’un cabinet d’information de la direction.
– Il prépare des dossiers sur tous types de sujets.
– Il participe à la communication, via l’édition d’un journal interne. Il travaille à la bonne circulation de l’information dans l’entreprise.
La description du système de veille de l’entreprise ne va pas tout englober, et va s’attacher à trois points :
– une présentation du système de veille au niveau général,
– une présentation de la veille technologique de la direction recherche,
– une présentation de la veille réalisée par mon interlocuteur au titre de son activité au sein du cabinet d’information de la direction.
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Présentation du système de veille général
Description du système de veille / IE
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– origine, création
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Les différentes entités de veille ont été installées par à-coups et selon un processus assez long. L’implication de la direction est relativement faible.
Une des veilles (veille réglementaire sur les normes, et sur l’Europe) a été installée suite à des déconvenues face à des concurrents. L’implication des employés concernés a alors été forte, et ces deux veilles sont maintenant considérées comme très efficaces.
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– objectifs
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– effectifs
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– organigramme de la veille
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La veille n’est pas structurée.
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Soutien de la direction
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Le soutien de la direction est faible.
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– implication de la direction
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– détection des besoins de veille au niveau de la direction
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Partiellement. La direction fournit les thèmes des dossiers à traiter à son cabinet d’information.
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– implication du personnel
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Une réponse globale concernant toute l’entreprise est difficile à donner.
Néanmoins, au sein de la direction de la recherche, la veille est parfaitement intégrée puisque chaque projet doit consacrer un pourcentage fixe de son budget à des activités de veille.
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– formations, sensibilisation du personnel
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Au sein de la direction de la recherche, les chefs de projet sont formés à la veille.
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Structure
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– nombre et répartition des entités de veille
– domaines de veille
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Il y a différentes entités :
– La veille axée sur les grands enjeux est gérée et animée par la direction de la stratégie..
– La veille technologique est gérée par la direction de la recherche.
– La veille réglementaire sur les normes et technologies environnementales, est en grande partie gérée par la direction de la recherche.
– La veille financière est gérée par la direction financière.
– La veille concurrentielle / marché est gérée par la direction marketing.
– En outre, une veille régionale (France) est menée.
– Enfin, une veille réglementaire européenne est menée avec beaucoup de vigilance. Cette veille porte sur la préparation des lois dans l’Union, et l’observation de l’application de ces lois dans les différents pays de l’Union. Cette veille est confiée en interne à des pilotes, et est répartie dans les directions intéressées.
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– coordination
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Il n’existe que peu de coordination entre les différentes entités de veille.
Néanmoins, l’information circule entre les différentes entités de veille, par le biais des réunions inter-veilleurs, et via des bulletins de veille.
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Présentation du réseau de veille général, commun à toute l’entreprise
Détection des besoins ?
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Collecte
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En ce qui concerne les moyens de collecter des informations, mon interlocuteur précise quelques éléments :
– Il existe un service SVP, où tout un chacun peut demander des informations.
– Des alertes à la DG sont possibles dans des cas très délimités.
– Plusieurs personnes sont chargées d’alimenter un bulletin mensuel : 15 à 20 contributeurs internes, avec l’appui d’un réseau d’experts externes.
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Traitement
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En ce qui concerne le traitement des informations pour la construction du bulletin : une petite cellule de 5 personnes est chargée de traiter les informations, aidée en cela par les veilleurs du réseau.
Les contributeurs envoient des documents finalisés, il y a peu de traitement à faire.
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Animation de la veille
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L’animation de la veille passe par l’organisation de réunions entre veilleurs :
– Il y a deux réunions annuelles accueillants les pilotes et les clients de la veille.
– En outre, une grande réunion annuelle est organisée hors des locaux de l’entreprise.
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Diffusion
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Il y avait la publication d’un bulletin mensuel (environ 100 pages), et de bulletins thématiques. Ces documents papier étaient diffusés à environ 150 personnes (membres du réseau veille, contributeurs?) dont les décideurs de l’entreprise.
Ces publications vont être progressivement remplacées par une diffusion électronique. Mon interlocuteur me précise que cette transition se fera avec vigilance. Des réticences se sont manifestées arguant du manque de poids d’une version électronique. L’échéance de la sortie de l’édition papier permettait en effet d’impliquer les contributeurs, et de donner du poids à la sortie de ce document.
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Mémorisation / capitalisation
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Un logiciel est en cours de développement pour la capitalisation des informations, leur validation et leur diffusion.
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Présentation du système de veille Technologique
Présentation
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La veille technologique représente une centaine de projets de recherche répartis en une dizaine de domaines techniques.
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Soutien de la hiérarchie
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La veille suit une doctrine qui veut que personne ne soit affecté uniquement à cette activité, mais que la veille soit intégrée à chaque projet de R&D. La veille est donc tout à fait décentralisée. Chaque projet de recherche doit consacrer 10% de son budget à des activités de veille. Cela peut être affecté à une veille brevet, une activité de benchmarking, une veille concurrentielle.
Un chef de projet est un « manager de compétences ». Il peut sous-traiter tout ou partie des aspects de recherche à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise.
Certains projets de recherche sont uniquement des projets de veille. Ce qui fait dire à mon interlocuteur que la veille n’est pas forcément bien considérée, puisqu’on préfère l’appellation « projet de recherche » à celui pourtant plus adéquat de « projet de veille ».
Au sein de la direction de la recherche, il n’y a pas de veille structurée thématique, ni par grands domaines d’activités de l’entreprise, ni par pays / organismes. Il n’y a pas non plus de veille brevet en tant que telle, la technologie étant mature et « nécessitant » peu d’innovations brevetables.
Dans le passé la mission d’une veille thématique, par pays ou par organisme était attribuée à des personnes « haut placées ». Mais cette activité passait en dernier sur leurs priorités, et en fin de compte, n’était pas réalisée. Une autre tentative d’affecter cette activité à des personnes moins haut placées est en cours.
Le fait que la doctrine veuille que personne ne fasse de la veille à plein temps (mais qu’une majorité en fasse à temps partiel) nuit sans doute à la structuration de cette activité.
Les veilles thématiques « urgentes » sont, si le besoin s’en fait sentir, traitées dans le cadre d’un projet de R&D ou d’une étude spécifique, de type prospective.
Il n’y a pas d’animation du réseau de veille technologique.
Par contre il y a une sensibilisation. Dans la formation des chefs de projet, il y a un module de veille.
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Détection des besoins
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Collecte
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Un service (que nous allons appeler « service documentation ») est chargé de la gestion de l’information, de la capitalisation de l’information et de la veille. Ce service comprend la documentation et la médiathèque. Il regroupe environ 10 personnes. C’est un service d’appui à la veille.
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Traitement
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Diffusion
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Un bulletin est édité semestriellement. Il comporte :
– un ou deux articles de fond sur un problème scientifique,
– des brèves de veille de quelques lignes. Ces brèves sont envoyées par les chefs de projet sollicités par le rédacteur du bulletin.
Le bulletin de veille de la direction de la recherche est multi-domaines. Ce qui fait que différentes directions s’y intéressent. Il est diffusé en interne à la Direction de la Recherche, et aux membres des autres réseaux de veille de l’entreprise, ainsi qu’aux décideurs.
Chaque année le chef de projet présente à un Comité de Pilotage l’avancée du projet, dont une partie est consacrée à la veille.
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Mémorisation / capitalisation
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Il existe une base Lotus Notes sur la vielle technologique (la doctrine, les outils), qui n’enregistre qu’un très faible trafic.
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Indicateurs
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Points forts :
– Le fait que chaque projet ait une composante veille est un des points forts du système.
– Certains documents édités par la veille sont multi-domaines (bulletin de la veille de la direction de la recherche) et sont donc facteur de décloisonnement.
Points faibles :
– L’organisation de la veille est verticale. Si une veille est réalisée au sein de chaque projet, le compte rendu des travaux n’est fait qu’en comité de pilotage. Les membres du comité sont donc les seuls à bénéficier des travaux de veille réalisés. Une organisation plus horizontale, avec une circulation de l’information entre les différents projets pourrait être trouvée. Il n’existe pas, d’ailleurs, de réseau structuré des chefs de projets.
– Il y a un manque en terme d’animation à la direction de la recherche.
– Les employés de la direction de la recherche sont des chercheurs, qui font une veille très axée sur le côté technique de leur projet. Ils n’intègrent pas (ou peu) d’autres aspects (économiques, marché?).
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Présentation de la veille au sein du cabinet d’information de la direction
Soutien de la hiérarchie
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Le cabinet est une structure de réalisation de dossiers pour la direction. Les thèmes sont demandés par la direction, et sont très ciblés.
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Détection des besoins
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Collecte
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Mon interlocuteur, par ailleurs intégré à la direction de la recherche, sous-traite la recherche d’information sur internet au service documentation. Des outils informatiques ont été achetés et sont en cours d’essai.
Il puise aussi ses informations dans les conférences, salons et séminaires? ainsi que via ses réseaux internes et externes.
Pour initier un système de partage des informations avec les chefs de projets, mon interlocuteur évoque l’importance de la réciprocité. En échange aux informations obtenues, il diffuse des informations, issues par exemple des bulletins de l’ADIT (auxquels peu de personnes ont accès), ou des remontées d’information de la veille régionale.
Mon interlocuteur insiste aussi sur l’importance d’avoir un bon relationnel.
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Traitement
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Diffusion
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Mémorisation / capitalisation
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Réflexion sur la corrélation entre « besoins de veille » et « système de veille » dans ces exemples pratiques de veille
Indicateurs d’évaluation de la veille au niveau de l’entreprise
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Points forts, et points faibles de l’organisation
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Le réseau de veille réglementaire marche bien.
La direction de la recherche a intégré l’activité de veille au sein de même de la réalisation des projets.
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Corrélation entre besoins et système de veille
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Mon interlocuteur s’interroge sur l’opportunité d’un outil de gestion de la veille au niveau général.
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Autres exemples pratiques de veille et d’intelligence économique
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Il y a beaucoup d’autres exemples pratiques de veille dans ce blog. N’hésitez pas à les consulter.
Jérôme Bondu