La France n’a pas de pétrole
Le pétrole semble être dans bien des pays producteurs, une calamité plutôt qu’une chance. C’est du moins ce que l’on peut comprendre à la lecture du second épisode de la série « Que font-ils de leurs pétrodollars? » édité par La Tribune en date du 13 décembre.
Les grands producteurs
Les cas présentés de la Russie, du Venezuela et de l’Iran sont éloquents : d’une part, la richesse issue de l’or noir semble être inversement proportionnelle la force de la vie démocratique. « La propension à l’autocratisme est forte dans les pays pétroliers. Avec des budgets financés par les hydrocarbures. Les régimes en place ne se sentent pas tenus de rendre des comptes à une population qui ne paye quasiment pas d’impôts pour les services offerts par l’Etat ». D’autre part, sur le long terme les performances économiques des pays pétroliers semblent inférieures aux autres. « La croissance des pays riches en pétrole est inférieure de 1,7 point par an à celle des autres ». Avait calculé une organisation humanitaire britannique citée par le quotidien. L’argent facile n’incite ni à la persévérance ni à la prévoyance. Est-ce que le sentiment d’un faiblesse n’est pas un meilleur aiguillon pour chercher à progresser ?
Faiblesses
C’est en tout cas une des conclusions de la remarquable conférence de Brigitte Bourny-Romagné (organisée au sein du Club IES) qui était venue nous parler de la « route des épices » !! Quel rapport entre les épices et le pétrole ? me direz-vous !
Cette spécialiste des parfums nous avait brossé les destinées de quatre pays qui ont su développer et profiter du commerce des épices au Moyen-âge : le Portugal, les Pays-Bas, la république de Venise et les pays arabes.
Pourquoi ces pays avaient su tirer leur épingle du jeu ? Sa réponse, illustrée de faits historiques précis, était la suivante : tous avaient pris conscience à un moment de leur histoire de leurs faiblesses, les avaient analysées, et s’étaient données les moyens d’y remédier. Pour ne citer qu’un exemple, le « petit » Portugal, adossé à l’Est à l’Espagne, avait compris que son destin se jouerait dans la conquête de sa frontière ouest : c’est à dire l’océan Atlantique.
La réussite dépend de la connaissance que l’on a de soi. De ses faiblesses plus que de ces forces. « Connait toi toi-même, et le monde t’appartiendra » avait dit Socrate. Or être sous perfusion de la manne pétrolière n’incite guerre à cette introspection.
Fort heureusement en France, nous n’avons pas de pétrole !
Jérôme Bondu
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Source image : Fichier:Puits de pétrole.jpg – Wikimedia Commons