Compte rendu informel du colloque de l’EGE, tenu le 8 avril 2024, sur le thème « Intelligence économique dans un monde toujours plus conflictuel ». Seconde table ronde : les réussites de l’intelligence économique en France !
Ce compte rendu est en quatre parties :
- Pionniers de l’intelligence économique en France.
- Réussites de l’intelligence économique.
- Nouveaux territoires de l’intelligence économique.
- Dimension nationale de l’intelligence économique.
Ces notes sont évidemment parcellaires, subjectives, et non officielles. Bref elles n’engagent que moi.
Les réussites de l’intelligence économique en France
Cette table ronde était animée par François Jeanne-Beylot, président du Synfie, avec Emmanuel Pitron, Alexandre Hollander, Olivier Dellenbach et Olivier de Maison Rouge.
Le marché de l’intelligence économique
Emmanuel Pitron a pris la parole en premier. Quand l’ADIT a été créé par décret il y avait alors une prise de conscience de la puissance japonaise, américaine et chinoise. Il y a eu depuis une diversification tous azimuts : diversification des concurrents, des secteurs, des tailles d’entreprises prédatrices, des personnes sensibilisées à l’intelligence artificielle … Les prestations ont évolué de pairs. Il y a 30 ans l’intérêt était porté sur la veille technologique. Aujourd’hui les prestations tournent autour de trois axes :
- Capacité d’aider stratégiquement les entreprises dans le « dérisquage ».
- Capacité de détection de menaces.
- Capacité de prendre en compte la guerre informationnelle.
Aujourd’hui, l’ADIT a une position de leader sur le marché de l’intelligence économique, et l’on peut incontestablement placer le développement de cette structure comme une des réussites de l’intelligence économique en France. Même si sa position proche de l’État lui a permis d’avoir des marchés captifs.
Alexandre Hollander regroupe le marché de l’IA en deux segments :
– Intelligence économique offensive, avec la captation d’informations.
– Intelligence économique défensive, avec la protection du patrimoine au sens large : l’infrastructure, l’information, les personnes, l’intégrité. Sur tous ces points « nous sommes emmenés par les normes américaines. »
Olivier de Maison Rouge propose d’identifier la surface de vulnérabilité par le droit. Il rappelle que le droit en France a gagné en visibilité suite au plan Marshal. Car l’aide américaine a été accompagnée par tout un environnement, financier, juridique et normatif (voir sa vidéo pour le Club IES).
Émergence de leaders
Olivier Dellenbach résume le but de ChapsVision : « Aider nos clients à créer de la valeur à partir de leurs données ». Et accessoirement, de faire émerger un leader français. Il rappelle qu’il y a une croissance exponentielle d’informations. Et que l’intelligence artificielle joue un double rôle : celui d’augmenter les informations. Et celui de permettre de rechercher et trouver les informations pertinentes. J’y ai vu comme une boucle de rétroaction. Olivier déplore que le cadre réglementaire européen soit contraignant pour le développement des entreprises, et notamment en intelligence artificielle. Si Olivier Dellenbach réussissait à créer un Palantir à la Française, ce serait évidemment une des réussites de l’intelligence économique. ChapsVision a racheté successivement AMI Software, Qwam, Geotrend et Risk&Co.
Emmanuel Pitron a essayé de se projeter dans l’avenir et a invité à prendre en compte trois dimensions :
– Un manque de volonté politique dans la guerre économique. Par exemple : L’État devrait se manifester quand deux structures étatiques chinoises fusionnent et posent un problème antitrust. Ce qui ne se fait pas. On n’utilise pas les armes à notre disposition.
– Une nécessité d’utiliser l’Intelligence artificielle de manière démultipliée.
– Une prise de conscience que l’on est alternativement en guerre économique et économie de guerre. Avec des phases de guerres hybrides.
Les réussites de l’intelligence économique
Alexandre Hollander s’est félicité de l’offre française en intelligence économique. Il y a quelques années il n’y avait que deux cabinets américains (Kroll et Control Risk) qui contrôlaient le marché. Aujourd’hui l’offre est multiple de la part de sociétés françaises. La France a même un rôle structurant en Europe en matière de défense, avec ses sociétés industrielles puissantes et une dynamique forte en matière intelligence économique.
Les prochains succès en intelligence économique vont se construire sur la qualité des formations et du recrutement. Sur la capacité à aborder les sujets à 360° et non en silo. Et sur la capacité pour le futur consultant en intelligence économique a pouvoir travailler avec l’intelligence artificielle (voir ma formation sur l’IE pour l’IA).
Cette vision positive des réussites de l’intelligence économique était très intéressante.
Suite du compte rendu demain : Les nouveaux territoires de l’intelligence économique.
Voir l’annonce sur le Portail de l’IE. Voir les prestations et les formations Inter-Ligere.
Jérôme Bondu