Compte rendu informel du colloque de l’EGE; le 8 avril 2024 sur le thème « Intelligence économique dans un monde toujours plus conflictuel». Troisième table ronde : la dimension nationale de l’intelligence économique.
Ce compte rendu est en quatre parties :
- Pionniers de l’intelligence économique en France.
- Réussites de l’intelligence économique.
- Nouveaux territoires de l’intelligence économique.
- Dimension nationale de l’intelligence économique.
Ces notes sont évidemment parcellaires, subjectives, et non officielles. Bref elles n’engagent que moi.
Une nouvelle dimension nationale de l’intelligence économique
Cette table ronde sur la dimension nationale de l’intelligence économique était animée par Charles de Disschop, avec Jean-Baptiste Lemoyne, Alexandre Lahousse et Massis Sirapian.
Jean-Baptiste Lemoyne a rappelé qu’il a été formé à l’intelligence économique dans le cadre des Jeunes IHEDN. L’intelligence économique intéresse tous les secteurs. Par exemple le tourisme est un enjeu compétitif méconnu (voir la conférence du Club IES).
Alexandre Lahousse, directeur des industries de défense à la DGA, a annoncé que la création du DID avait pour but de renforcer l’autonomie de l’industrie pour renforcer les armées. Il a aussi critiqué l’angélisme de l’Europe qui est toujours dans le mythe de la mondialisation heureuse. Néanmoins, il a adopté une posture de réalisme : « il faut composer avec l’Europe ». Et dans ce cadre, faire une veille réglementaire très en amont pour vérifier que les projets européens ne vont pas poser problème. Et faire la même chose auprès de l’OTAN sur le plan des normes et standards. La DGA se place au centre de la dimension nationale de l’intelligence économique en France.
Massis Sirapian a souligné notamment que la compréhension du concept d’intelligence économique par les PME est très hétérogène. Il a rappelé la vision du Chef d’État-Major des Armées CMA, le Général Burkhard : le triptyque paix / crise / guerre, n’est plus d’actualité. Il est remplacé par compétition, contestation et affrontement. L’état normal c’est la compétition. La guerre économique n’est pas un gros mot, c’est notre quotidien. Massis Sirapian a eu cette belle formule « L’intelligence économique est une langue vivante ». Elle se protège et doit être entretenue.
En conclusion de la table ronde sur la dimension nationale de l’intelligence économique, tous en encore rappelé l’importance de la volonté politique. Et du besoin de massifier la formation en intelligence économique dans toutes les formations. Ils se sont étonnés, par exemple, que l’intelligence économique ne soit pas enseignée dans de grandes écoles dont les auditeurs vont intégrer, en grande partie, les services de l’État.
Clôture du colloque par Emmanuel Chiva
Emmanuel Chiva a commencé par dresser plusieurs constats :
- Il a rappelé lui aussi la vision du CEMA : Compétition – confrontation – contestation.
- Puis l’influence comme pilier stratégique de défense.
- L’hybridité des menaces (guerre de l’information).
- Et enfin : L’information accessible est aussi importante que l’information classifiée. Il faut l’exploiter. L’intelligence économique vient appuyer cela.
Comme Christian Harbulot, Emmanuel Chiva appelle de ses vœux le fait de « passer à l’offensif ». Il s’est exprimé à peu près en ces termes : osons rendre coup pour coup à nos compétiteurs. Osons passer de la situation de proie à celle de prédateur. Il avoue que cette posture n’est classique, ni en France ni à la DGA. Mais c’est selon lui une posture imposée par le réalisme.
Dans ce cadre, la DGA a mis en place plusieurs vecteurs :
– La création de DGA intelligence stratégique.
– La création d’un campus de l’OSINT à Angoulême.
– Et enfin, le développement d’une réserve opérationnelle de la DGA. Et l’annonce de la création d’une réserve industrielle.
Perception du colloque
Quelques mots personnels pour finir.
En conclusion de cette série de quatre articles, on peut se féliciter que l’EGE, appuyé par la DGA, ait organisé ce très bel événement. Cela rappelle incontestablement les grands rassemblements des années 2001 à 2010, organisé notamment par l’IHEDN en 2001 ou Les Echos (CR 2009 CR 2010). Cela donne le là du domaine. Cela permet d’écouter des orateurs de qualité. Cela permet de resserrer la profession et de revoir les collègues et amis.
Le colloque a néanmoins manqué de diversité. Et des témoignages comme ceux d’Elysabeth Léonard-Benali, cheffe d’entreprise ayant démontré l’importance d’une riposte face à une agression informationnelle, auraient été très pertinents.
J’ai aussi été marqué par le fait que tous les orateurs insistent sur l’importance d’un engagement de l’État. On peut avoir le sentiment d’une épée de Damoclès sur tête de la filière, qui de fait, est dépendante de la perception des gouvernants. Il est dommage qu’il y ait un manque d’autonomie de notre filière. Cette dépendance stratégique de notre discipline est mortifère. Si nos dirigeants n’y croient pas, alors tout devrait s’arrêter ? Cela n’est pas conforme à nos idéaux d’autonomie stratégique.
Fin des quatre parties du compte rendu :
- Pionniers de l’intelligence économique en France.
- Réussites de l’intelligence économique.
- Nouveaux territoires de l’intelligence économique.
- Dimension nationale de l’intelligence économique.
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Jérôme Bondu