J’ai lu « Intelligence artificielle impact sur les entreprises et le business » de Jean-Michel Rodriguez. Voici une note détaillée en deux parties …
- Intelligence artificielle impact sur les entreprises.
- Intelligence artificielle impact sur le business.
Et je rappelle que la prochaine session de la formation sur l’intelligence artificielle est le 19 janvier 2024.
Chapitre 6 Les biais dans l’intelligence artificielle
Ce chapitre traite d’un sujet bien connu et que j’ai déjà abordé avec la note de lecture d’Aurélie JEAN « De l’autre côté de la machine ». L’auteur commence par rappeler que l’on voit les algorithmes comme étant « déterministes, impartiaux, neutres et incorruptibles ». Le problème est que derrière un algorithme il y a des êtres humains qui ont, eux, toutes ces failles.
Les différents biais
Il existe plusieurs formes de biais
Les biais cognitifs. On pourra se reporter aux nombreuses notes de lecture des livres de Gérald Bronner, notamment la Démocratie des crédules.
Les biais algorithmiques qui sont des erreurs dans les instructions :
- Erreur d’interprétation du problème.
- Non-vérification des données.
- Non-vérification de tous les résultats.
- Erreur logique.
- Erreur d’utilisation des instructions ou des opérations.
Les biais méthodologiques qui peuvent être scindés en quatre catégories :
- Trop d’informations.
- Pas assez de sens.
- Manque de temps pour prendre la bonne décision.
- Pas de mémorisation.
Biais sur la donnée
Il liste les biais sur la donnée. Je donne ci-dessous pour chaque biais, une courte phrase pour en préciser le périmètre :
- Biais de confirmation : on recherche ce que l’on s’attend à trouver.
- Biais de sélection : on prend une sélection qui n’est pas représentative. Il y a deux biais qui sont liés : Le biais de survie consiste à prendre des données dont on pense qu’elles vont augmenter les chances de succès de l’opération. Le biais d’exclusion qui vise à exclure les données dont en pense qu’elles ne sont pas utiles.
- Biais d’historique : on prend des données qui reflètent un moment dans le passé qui n’est plus d’actualité.
- Biais de disponibilité : on prend des données immédiatement disponibles.
- Biais d’échantillonnage : on prend des données qui ne reflètent pas les réalités de l’environnement.
- Biais de mesure : on prend des données qui ne reflètent pas le monde réel.
Il présente aussi les conséquences, et les moyens de les éviter. Il faut des systèmes qui permettent une explicabilité des résultats et une interprétation compréhensible (voire la note de lecture du livre de Luc Julia L’intelligence artificielle n’existe pas).
Chapitre 7 L’impact sur les métiers
L’auteur rappelle en introduction que les grandes vagues d’automatisation ont eu pour but de réduire les tâches manuelles, puis réduire les tâches répétitives ou fastidieuses et enfin, actuellement, réduire les tâches intellectuelles.
L’adaptation est nécessaire, et l’IA remplacera surtout les personnes qui ne se sont pas formées à l’IA (voir Cécile Dejoux, Ce sera l’IA et moi).
Il liste les impacts positifs sur l’emploi
- Croissance dans tous les secteurs.
- Croissance de la main-d’œuvre (antithèse des positions d’un Laurent Alexandre).
- Accroissement des professions émergentes.
- Émergence des nouveaux rôles.
- Accroissement de la demande pour des emplois non routiniers.
Et liste les impacts négatifs sur l’emploi
- Réduction des effectifs.
- Recours à des sous-traitants.
- Diminution des rôles redondants.
- Humain et machine à égalité devant l’emploi.
- Ralentissement de la création d’emploi.
- Main-d’œuvre perturbée.
- Restructuration de la main-d’œuvre.
Ce qui ne sera jamais remplacé :
- Empathie.
- Créativité.
- Jugement.
- Compétences sociales et émotionnelles.
- Habilité physique.
- Gestion de l’intelligence collective.
Compétences les plus recherchées
Il liste les compétences les plus recherchées (je reprends ce qui me semble le plus pertinent) :
- Pensée analytique et innovation.
- Résolution de problèmes complexes.
- Pensée critique et analyse.
- Créativité, originalité et initiative.
- Charisme et influence sociale.
- Intelligence émotionnelle.
- Utilisation, surveillance et contrôle de la technologie.
Métiers recherchés
Il liste les métiers qui devraient voir leurs effectifs gonfler (là encore je n’en reprends que quelques-uns) :
- Spécialiste de l’intelligence artificielle (on s’en serait douté).
- Analyste et scientifique de la donnée.
- Spécialiste de la donnée et des bases de données.
- Expert en sécurité de l’information !
- Spécialiste du marketing numérique.
- Spécialiste de la transformation digitale.
- Conseiller en stratégie informatique.
- Spécialiste en développement organisationnel.
- Spécialiste de la gestion des risques.
- Responsable de projet.
Professionnels de l’information
Il y a plusieurs métiers dans lesquels, nous autres professionnels de l’information, avons une carte à jouer !
En France le rapport Villani de mars 2018 statuait que la France était en dehors du top 5 mondial. Suite à cela, la Stratégie Nationale pour l’IA (SNIA) a été mise en place avec trois objectifs majeurs :
- Renforcer l’attractivité des talents et des investissements.
- Diffuser l’IA et la donnée dans l’économie.
- Promouvoir un modèle éthique de l’IA.
Parallèlement un rapport de 2017 de France Stratégie a analysé la thématique de l’Intelligence artificielle et des impacts sur les entreprises et sur les transformations du travail, notamment dans les transports, la banque et la santé.
Chapitre 8 Le futur de l’intelligence artificielle
Intelligence artificielle forte
C’est là que l’auteur « se lâche » sur l’intelligence artificielle forte. Je le cite pour ne pas trahir sa pensée :
« Sur le long terme, d’ici une ou plusieurs décennies, l’intelligence artificielle forte sera au point et sera meilleure que l’humain notamment pour tout ce qui relève du cognitif. Concevoir des systèmes toujours plus intelligents étant une tâche cognitive, les intelligences artificielles fortes seront ainsi capables de créer des machines meilleures qu’elle-même, ce qui aura pour effet, sans nul doute, une réaction en chaine du développement de l’intelligence (artificielle) pendant que l’intelligence humaine resterait presque sur place ».
La suite me laisse perplexe :
« Le résultat serait potentiellement spectaculaire, et on assisterait ainsi à la création de technologies révolutionnaires qui devraient nous aider à éradiquer les guerres, la pauvreté, les problèmes de santé » … hummm, j’ai dû mal à y croire, pas vous ?
Et là, il m’achève :
« Dès lors la société sera forcément tentée d’introduire l’eugénisme (…) et rendre l’humain plus intelligent grâce à des neurotechnologies sera envisagé ».
Oulala, Elon sort tout de suite de ce corps !
Intelligence artificielle impact sur la géopolitique
Ce dernier titre est de moi, pas de l’auteur. Jean-Michel Rodriguez ne prend pas du tout en compte les logiques de puissance, des rivalités, des rapports de force, de la géopolitique … Il aurait dû faire une matrice de Porter du monde de l’IA 😉 Il oublie que toute invention a débord servi celui qui l’a créé, au détriment des autres : il a été ainsi de la hache, de la poudre à canon ou du nucléaire… Ou pour prendre des exemples du monde informationnel : la rhétorique, les écrits, les livres, la radio ou la télévision ont tous été outil de liberté, autant que de convoitise et d’oppression. Chacune de ces innovations informationnelles a été une arme de guerre. L’intelligence artificielle ne fera pas exception.
Bon, en conclusion, le livre « Intelligence artificielle impact sur les entreprises » est intéressant, fait un état des lieux très didactique et structuré. La dernière partie me semble ternir un peu l’ensemble. J’en recommande quand même la lecture !
« Intelligence artificielle impact sur les entreprises et le business » est édité chez ENI.
Prochaine formation Inter-Ligere sur l’intelligence artificielle au service de l’intelligence économique : le 19 janvier en distanciel.
Jérôme Bondu