Comment va évoluer la veille avec ChatGPT ? J’ai assisté à la conférence « Osint, Intelligence artificielle et ChatGPT : une révolution pour la recherche d’information ».
Avec (par ordre alphabétique) Philippe Brun, Christophe Cruz, Christophe Deschamps, David Fayon, Guillaume Sylvestre. La table ronde a été animée par Anne-Marie Libmann. La table ronde été organisée dans le cadre de Documation / Iexpo. Je précise que ces notes n’engagent que moi, et en aucun cas les intervenants ou les organisateurs… Je les publie comme un exercice de mémorisation.
Comment va évoluer la veille avec ChatGPT ?
– ChatGPT doit être vu comme un démonstrateur : il s’agit de comprendre les usages, d’entrainer l’outil, de réfléchir au potentiel d’utilisation … Dès lors que l’on pourra le connecter à des bases de données très qualifiées, et l’interroger de manière fine, cela deviendra un outil très intéressant. D’où l’importance de continuer la recherche dans ce domaine.
– Christophe Deschamps pense que ChatGPT pourra être se positionner sur toutes les étapes de la veille : depuis extraction des besoins, le choix des mots clés (on peut déjà demander le champ lexical d’un sujet), l’exploration des sources, la gestion des connaissances, l’analyse (on peut lui faire faire un PESTEL ou un SWOT), la création de livrables (on pourra lui faire faire des résumés …).
– Christophe Cruz rappelle qu’il existe sur les outils d’intelligence artificielle le paramètre « température ». On peut choisir le style formel ou à l’opposé « créatif ou science-fiction ».
– Malgré tout, tous insistent sur l’importance du recul critique. Et sur le rôle des outils de visualisation qui permettent de percevoir les tendances dans de gros volumes de documents.
Vigilance sur l’utilisation de ChatGPT
Les limites de ChatGPT ont été soulignées :
– C’est intéressant pour des informations anciennes, mais pas l’actualité récente.
– Pour l’instant, ce n’est pas un modèle apprenant. ChatGPT a appris et retranscrit.
– L’outil n’est pas « juste », il donne une réponse probable.
– L’outil va gommer les signaux faibles. Il va faire des réponses consensuelles.
– L’outil est aussi biaisé (voir le livre d’Aurélie JEAN).
– Guillaume Sylvestre souligne que l’utilisation de ChatGPT n’est pas neutre, car cela va enrichir sa base de données. Il vaut mieux ne pas utiliser de mail d’entreprise.
– L’outil n’est pas à utiliser à l’exclusion des autres sources. Il faut être vigilant sur l’angle mort de la recherche, les choses que l’outil a passé sous silence.
– Le problème de fuite d’information n’est pas nouveau.
– Philippe Brun rappelle que ses clients veulent de la qualité. Si ChatGPT peut être utile dans certaines phases, on ne peut pas industrialiser l’outil. Il souligne -au passage- l’importance d’un lien entre les entreprises privées et la recherche publique. En l’occurrence, il travaille avec l’université de Bourgogne sur des projets communs.
– ChatGPT peut ubériser les services de veille. Guillaume Sylvestre souligne que l’on pourrait bientôt faire de la DueDiligence, et dans ce cas réduire l’utilisation des cabinets d’intelligence économique.
Perspective : veille avec ChatGPT dans quelques années
Les orateurs ont passé en revue plusieurs futurs possibles :
– Assistance : Il faut voir ces outils comme des assistants. Mais des assistants à votre niveau. Selon votre niveau de maîtrise, on en tirera plus ou moins de bénéfices. Par exemple, dans l’éducation nationale, on voit tout de suite les devoirs des étudiants faits entièrement avec ChatGPT. Les bons élèves qui connaissent bien leur leçon utiliseront ChatGPT sur des questions précises et à bon escient.
– Ajout : Tout comme le pétrole n’a pas chassé le charbon comme source d’énergie, on pourrait penser que ChatGPT ne chasse les outils antérieurs, mais s’y rajoute. On fera toujours de la veille salon, humaine, sur les moteurs de recherche … et on fera en plus du ChatGPT.
– Remplacement : Dans une vision de destruction créatrice, on peut imaginer que beaucoup de métiers disparaissent, et que d’autres apparaissent, comme des coachs d’intelligence artificielle. Il va y avoir un chantier important de formation à l’intelligence artificielle. Avant, un codeur pouvait avoir un jumeau physique, c’est-à-dire un développeur qui faisait son travail pour bien moins cher. Demain, un codeur pourrait avoir un jumeau numérique comme ChatGPT.
– GAFAM : Les GAFA, sociétés sensées être les plus performantes ont raté le tournant de ChatGPT. Google a raté sa démo avec Bard. Facebook s’enlise dans le métavers. Il n’y a que Microsoft (qui a investi dans ChatGPT) qui a réussi pour l’instant son positionnement.
Conclusion : ChatGPT va impacter les métiers de la veille à toutes les étapes. ChatGPT bouscule notre métier qui avait peu évolué sur les dernières années. Christophe Deschamps s’enthousiasme et assure que cela va être passionnant.
J’étais intervenu le lendemain sur I-expo sur la complémentarité de la veille humaine et automatisée.
Si le sujet vous intéresse, vous pourrez trouver pas mal d’articles dans mon blog qui traitent d’intelligence artificielle.
Jérôme Bondu
