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Intelligence Economique

CR : Expérimentations de l’IE en régions

By 31 octobre 2007février 8th, 2023No Comments
IE en régions

Compte rendu de la conférence du 29 mars 2004, organisée par le Club IES, et animée par Rémy Pautrat. Compte rendu rédigé par Jérôme Bondu : Expérimentations de l’IE en régions.

Présentation de l’intervenant (2004)

Rémy PAUTRAT est en France, l »un des rares hauts fonctionnaires à avoir cru, très tôt à l »importance « stratégique » de l »intelligence économique.
Il a occupé les postes de directeur de la DST* et du SGDN**. Il a été préfet des régions Basse-Normandie puis Nord-Pas de Calais. Plus récemment, il a été appelé en mission extraordinaire auprès du ministre de l »intérieur, en charge de l »évaluation de l »action des préfets en poste territorial.
Il est aujourd »hui Vice Président Exécutif de l »ADIT***, société nationale d »intelligence stratégique.

Rémy Pautrat était accompagné de Gérard PARDINI ;
Ce dernier est Sous-préfet et Directeur Délégué de l’ADIT.
Gérard Pardini a occupé plusieurs postes territoriaux mais a réalisé la plus grande partie de son parcours en administration centrale : Direction Générale des Télécommunications, ministères de la Coopération, de la Défense, des Affaires Etrangères, Médiature de la République. Il est également chercheur auprès du Centre d’Etudes et de Recherches sur les Transformations de l’Action publique ? CERTAP.

* DST : Direction de la Surveillance du Territoire
** SGDN : Secrétariat Général de la Défense Nationale
*** ADIT : Agence pour le Diffusion de l »Information Technologique

Résumé

Après avoir dressé la situation de la France au regard de l’Intelligence Economique (IE), et plus particulierement de Expérimentations de l’IE en régions, l’auteur a présenté la réponse française, à savoir l’ADIT (Agence pour la Diffusion de l »Information Technologique)

1. La situation

Le conférencier a d’abord rappelé la situation actuelle, qu’il qualifie comme étant « la fin du monde connu ». De fait, les éléments de remise en cause ne manquent pas :
– La fin d’un ordre stratégique (la guerre froide a fait place à la « paix chaude »).
– Une période de rupture et un monde en crise. Cette crise se manifeste sur plusieurs plans (crise de l’état, crise de l’homme, ?).
– L’apparition de nouvelles hiérarchies, notamment l’hyper-puissance américaine et le marché.
– La globalisation des échanges, qui conduit à une concurrence durcie et déloyale, dans laquelle la fonction de renseignement est réorientée vers l’économie.
– La révolution de l’information.

La nouvelle ère géostratégique qu’introduisent ces différentes révolutions implique notamment la maîtrise des flux de savoir et de connaissance, conditions indispensables pour anticiper. (« lorsqu’on s’adapte, on a déjà à moitié perdu »).

Dans cette situation, la France a deux handicaps : D’une part, elle excelle davantage dans la réaction, la gestion des crises, que dans l’anticipation ; d’autre part, elle a une mauvaise culture de l’information : 3ème productrice mondiale d’information, elle n’est qu’au 11ème rang en tant qu’utilisatrice.
Il s’agit donc pour notre pays d’un enjeu majeur, d’une révolution culturelle indispensable, urgente et aux multiples enjeux :
– Se maintenir dans le club des grands.
– Développer notre compétitivité globale et stimuler l’emploi.
– Préserver nos patrimoines.

Après avoir passé en revue les dispositifs d’intelligence économique de nos principaux concurrents et partenaires (Etats-Unis, Japon et Grande Bretagne), le conférencier en vient à l’analyse des dispositifs français et commence par analyser une première tentative, le « Comité pour la Compétitivité et la Sécurité Economique », rapidement victime du manque de coordination entre administrations.
Il examine au passage les comportements à réformer :
– Circulation élitiste de l’information.
– Goût du secret.
– Faible culture offensive.
– Importance excessive accordée aux niveaux hiérarchiques élevés, alors que le vrai pouvoir se situe souvent aux niveaux intermédiaires (« Aucun ministre ne peut résister à un bon chef de bureau ! », remarque encore plus valable au niveau de la communauté Européenne).

L’analyse des éléments précédents conduit à la création et au développement de l’ADIT

2. La réponse française

Celle-ci s’articule essentiellement autour de deux mesures :
– La création d’un « haut responsable de l’Intelligence Economique » à savoir Alain Juillet.
– L’élargissement des missions de l’ADIT.

Cet organisme (Agence pour la diffusion de l »information technologique) a été créé pour répondre au besoin d’intelligence économique en partant des principes suivants :
– Structure décentralisée, constituée en Société Anonyme à capitaux détenus à 100% par l’état.
– Partir des besoins du terrain.
– Créer des réseaux locaux de compétitivité.
– Susciter la connivence des acteurs locaux.
– S’adresser plutôt aux petites et moyennes entreprises.
Il est indispensable que l’état s’engage dans un premier temps et qu’il se retire ensuite.

Dans la phase actuelle, une initiative interministérielle a été développée dans sept régions pilotes (Alsace, Aquitaine, centre, Ile de France, Midi-Pyrénées, PACA, Poitou-Charentes), choisies pour leurs chances de succès, et pour leur motivation.
Pour chaque région, l’effort porte particulièrement sur une ou deux technologies-clé (sécurité alimentaire, imagerie biomédicale, aérospatial, textile, génétique, etc.) ; les préfets sont associés à la démarche et leur grille d’évaluation incorpore ce critère.
On a également cité la transformation du « Généthon » en « Génopôle d’Evry », transformation à laquelle cette démarche a fortement contribué.

3. L’IE en régions : La Basse Normandie

Cet exemple a été développé par Gérard PARDINI.
Il comportait une présentation plus complète et chiffrée, l’analyse des technologies-clé pour cette région, à savoir la plasturgie et la maîtrise d’ambiance, la création d’une lettre « Sciencetech » Basse Normandie et celle d’un portail.
Il insistait sur l’effet d’entraînement (« Le meilleur recruteur pour l’IE, c’est le chef d’entreprise qui a sauvé ou gagné un marché grâce à elle. »)

4. Débat

Du débat fourni qui a suivi cet exposé, nous retiendrons les points suivants :
– Quels postes ont été créés en Basse-Normandie ?
Environ 230 postes dans les domaines de l’IE et de la veille?)

– Que penser des textes de lois qui limitent les actions d’intelligence ?
La France a dans ce domaine des lois extrêmement contraignantes, qui constituent un lourd handicap par rapport aux pays qui sont nos principaux concurrents. Par exemple, le lobbying est interdit par les textes. D’ou la nécessité d’être très prudent, de s’entourer de juristes, et parfois de contourner les textes.

– Que fait la fondation Prométhée ?
C’est un « think tank » à la française, créé avec l’apport d’un certain nombre de grandes entreprises : Thalès, EADS, EDF, DGA, ?

– Quelle est l’apport de la veille sociale ?
L’intelligence sociale est une nécessité pour avoir une vision d’avenir de l’emploi, mais la perception de cette nécessité n’est pas encore très répandue.

Conclusion

Dans sa conclusion, l’orateur a dit son optimisme sur l’évolution de la France dans le domaine de l’IE, et a cité parmi les nombreuses tâches qui restent à faire la prospection du domaine des normes.

Il est aussi revenu sur le rôle de l’état, répétant qu’il doit initier le processus et s’effacer ensuite. L’Etat est trop souvent vu comme un poids par les entreprises, insiste notre intervenant, qu’il devrait être le Premier partenaire.

Impossible enfin de ne pas revenir ici sur la citation du général Mac Arthur proposée à la fin de la conférence proprement dite :
« Toutes les batailles perdues se résument à deux mots : trop tard »

 

Jérôme Bondu

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Source image : File:Régions de France 2017.png – Wikimedia Commons

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