Que retenir de la chute de l’Empire romain ? Dans le cadre du colloque EcoPoss « Osons le futur », organisé par la Catho de Lille, Virginie RAISSON-VICTOR a animé une conférence le 27 octobre 2022. Le thème de son intervention portait sur les parallèles entre la chute de l’Empire romain et la situation actuelle.
Ces notes ne prétendent pas être un compte rendu, et n’engagent de moi.
La conférence était organisée par l’école JUNIA.
Virginie Raisson
Prospectiviste, présidente du Laboratoire d’Études Prospectives et d’Analyses Cartographiques (LEPAC), Virginie Raisson est également présidente du GIEC Pays de Loire. Elle a cofondé en 2020 le Grand Défi, dont elle est aujourd’hui la porte-parole. Le Grand Défi est « un processus participatif inédit qui fédère les acteurs économiques et la société civile autour d’un objectif commun : accélérer la transition de l’économie pour mettre en place un modèle durable pour tous. »
Chute de l’Empire romain
La fin de l’Empire romain a des similitudes avec ce que nous pourrions connaître. Virginie Raisson a soulevé trois parallèles :
– D’abord le changement climatique : Il y a eu un refroidissement de 2 degrés dû à l’éruption de deux volcans (petit âge glaciaire), entrainant des pertes agricoles.
– Ensuite les maladies : Il y a eu la peste Antonine qui est en réalité une forme de variole qui a tué 7 millions de personnes. Puis la peste bubonique au 6eme siècle sous Justinien. Cette zoonose (c’est-à-dire le passage d’une maladie des rongeurs, rat noir, puces aux Hommes) a emporté les 2/3 de la population de l’Empire romain. Cette peste est d’origine chinoise.
– Enfin, les mouvements migratoires. Les déplacements barbares sont dus à l’assèchement des marais dus (eux-mêmes) aux changements climatiques. Voir l’article plus complet sur ce sujet « Comment l’Empire romain s’est effondré ? »
Quelles conclusions en tirer ?
L’oratrice explique que nous avons du mal à en tirer des conclusions de ce parallèle historique. Virginie Raisson en présente trois :
– D’abord, il faut intégrer que la nature n’est pas un objet, mais un sujet. Elle ne s’aligne pas sur nos modèles économiques. Une prise de conscience est en cours : deux fleuves dans le monde ont depuis peu une personnalité juridique. Il faut passer de l’exploitation à la préservation.
– Ensuite, le choix d’un réchauffement de 1,5 degré par la COP de Paris est important parce qu’au-delà, cela crée un effet de seuil, avec un basculement inévitable qui verra un enchaînement d’effets irréversibles.
– Enfin, une population de 10 milliards ne semble pas un problème pour l’oratrice. Les 10% le plus riches émettent 50% des effets de serre. Si on adoptait le régime japonais (peu de poisson et peu de viande), on pourrait nourrir sans problème la population actuelle de 7 milliards. Idem pour le régime bhoutanais (100g de viande par semaine), on pourrait nourrir 12 milliards d’habitants. A contrario, le régime européen étendu au monde entier ne pourrait nourrir que 4 milliards d’habitants.
Virginie Raisson conclut que la technologie est une solution à partir du moment où son adoption ne créera pas d’effets négatifs non maîtrisés.
Urgence climatique
Pour continuer ces réflexions, je vous propose de venir à la prochaine conférence du Club IES / Inter-Ligere en partenariat avec SindUp : Performance d’entreprise & urgence climatique. On pourra lire à ce propos:
- A lire : La permaentreprise, de Sylvain Breuzard.
- A lire: Géomimétisme, réguler le changement climatique grâce à la nature, de Pierre Gilbert.
- A lire: Les chemins de la décivilisation, de Bertrand Charles.
Jérôme Bondu
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