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Géopolitique

CR : Festival de l’Intelligence économique francophone 2022

By 20 novembre 2022No Comments
Francophonie et intelligence économique

J’ai eu l’honneur et le plaisir d’intervenir au Festival de l’Intelligence Economique Francophone FIEF organisé par Guy Gweth, président de la CAVIE (lire l’annonce). C’était un très bel événement avec 35 intervenants. Il s’est tenu dans le village francophone en marge du sommet sur la francophonie organisé à Djerba en Tunisie. Ce compte rendu est informel et ne reprend que quelques éléments saillants.

Radhi Meddeb parrain du Festival de l’Intelligence économique francophone a fait une très belle conférence introductive. Il a rappelé que 85% de la francophonie sera bientôt africaine. Mais parallèlement les jeunes se détournent du français, et préfèrent l’anglais, car cela parait comme la langue de l’innovation, du commerce, de la modernité. Il y a un risque que le français rentre en léthargie.

FIEF discours de Guy Gweth

Guy Gweth président du CAVIE a orienté une partie de son discours sur l’occupation du champ de la connaissance. Il a souligné qu’il y a un foisonnement de connaissance en intelligence économique dans la francophonie, mais il n’y a pas les bénéfices terrain escomptés. Il y a donc un fossé à combler. Le CAVIE cherche à combler ce fossé, et l’organisation du FIEF en est une des manifestations.

Faire l’état de l’art de l’intelligence économique francophone

J’ai eu le plaisir d’y participer avec Guy Gweth sur la première table ronde.

J’en retiens notamment de qu’il faut graduer les objectifs pour l’IE francophone : objectifs court, moyen et long terme :
– Dans le court terme, il faut comme le rappelle Guy apporter les besoins fondamentaux à ceux qui en ont besoin : eau, électricité. Nous sommes sur les premiers étages de la pyramide de Maslow.
– Dans un moyen terme, il faut développer tout le spectre de l’économie, depuis l’éducation, en passant par les services et l’industrie, jusqu’au éléments culturels et d’influence.
– Enfin, dans un long terme, il faut prendre en compte les impacts de la révolution numérique, et la maîtrise des contenus et des contenants informationnels.

J’en ai profité pour sonder le public d’une centaine de personnes avec une question simple : « Qui dans la salle connait les opérateurs de recherche ? » Résultat : personne. D’où les vastes besoins en matière de formation à la recherche et à la veille.

Réaliser l’analyse stratégique de la Francophonie économique

Cette seconde table ronde a réuni Bartold Bar-Bouyssière, Hakim Ben Hammouda et Raïs Kablan. L’animatrice a rappelé en introduction quelques faits sur la francophonie :
– 320 millions locuteurs.
– 88 États
– 16% de la richesse mondiale
– 2eme longue étrangère la plus enseignée
– Culture commune

Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des Finances de Tunisie, a souligné que la francophonie a été le moyen de construire un destin commun, et de tourner la page du colonialisme. C’est un projet politique. Cela a été porté par Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal, et Habib Bourguiba, président de la République tunisienne.

Bertold Bär-Bouyssiere a souligné quelques raisons de la réussite de la langue anglaise :
– L’anglais est facile.
– C’est une langue empirique et utilitaire.
– C’est la langue du protestantisme et de la réussite personnelle et économique.
Le français est la langue du savoir-vivre, l’anglais du savoir-faire.

Défendre la Francophonie économique par l’intelligence collective

Parmi les panélistes, Annie Mutamba a fait trois recommandations pour le développement de l’intelligence économique dans les pays d’Afrique :
– Elle souligne l’importance de la souveraineté numérique.
– Elle propose la nomination d’un haut responsable à l’Intelligence économique.
– Enfin, elle souligne l’importance du maintien d’un lien de confiance entre l’État et les acteurs locaux du monde des affaires.

Explorer les territoires de l’IE : sport, culture, droit, sciences, tech…

Cette table ronde était animée par Amina Bouzguenda Zeghal et a donné la parole à Frédéric Nguyen, Habib Karaouli, Hugo Zunzarren, et Arsène Mvahou. Ils ont évoqué des pistes pour décloisonner l’intelligence économique en abordant des territoires complémentaires : Importance de l’influence via les produits culturels ; importance du réseau …
Je me rappelle que l’IFIE avait, il y pas mal d’années, fait un livre sur les nouveaux territoires de l’intelligence économique, qui avait débouché sur une conférence.

Influencer les normes au profit de la Francophonie économique

Sur cette table ronde à laquelle Ronan Dumas-Labbé participait avec deux autres professionnelles, il a notamment été souligné que les normes ont un rôle protectionniste. Mais pour peser sur les normes, il faut être puissant. Ce qui n’est pas le cas des pays les moins avancés de la francophonie.

Il y a eu beaucoup de métaphores sur l’eau pour illustrer ces propos. On a notamment entendu : « Quand on meurt de soif, on est prêt à boire de l’eau sale. » Image qui a été utilisée pour souligner que les pays pauvres n’ont pas le choix de refuser ce que les pays riches leur imposent.

La force du réseau a aussi été soulignée : « Ce qui différentie le désert du Jourdain n’est pas l’eau. C’est l’humain. »

Comparer la Francophonie économique aux blocs concurrents

Ce dernier panel visait à identifier et à décrire les grands regroupements interétatiques concurrents de la Francophonie économique, sur les cinq continents. A analyser les ressemblances et dissemblances. Et à en tirer des conclusions assorties de recommandations concrètes pour une Francophonie économique plus compétitive.

FIEF discours de Radhi Meddeb

En fin de colloque Radhi Meddeb a été intronisé président d’honneur. Et un cocktail amical a été organisé dans un superbe patio de village francophone. Pour conclure, ce fut un colloque très intéressant qui témoigne de la vitalité du secteur. Bravo à la CAVIE et à son président Guy Gweth. Et vivement le prochain rendez-vous.

FIEF cocktail

J’ai eu l’occasion de poster plusieurs billets sur l’intelligence économique et la francophonie :

N’hésitez pas à vous inscrire au war game du 15 décembre « se comporter dans guerre économique« .

Jérôme Bondu

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