Conférence organisée par le Club Intelligence Économique et Stratégique de l’AAE IAE de Paris, le 1er février 2007, sur le thème :
La route de la soie
Animé par Edith et François-Bernard Huyghe
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Présentation des intervenants
Edith et François-Bernard Huyghe qui ont parcouru la route de la soie dans le cadre des expéditions de l’Unesco ont écrit plusieurs livres sur les routes des techniques et des civilisations, sur le secret et la circulation de l’information. Tous deux dirigent des collections chez un éditeur.
En outre François-Bernard Huyghe, docteur d’État en Sciences Politiques, habilité à diriger des recherches en Sciences de l’Information et Communication. Il enseigne l’intelligence économique et la stratégie de l’information à l’Iris, à l’École de Guerre Économique et sur le campus virtuel de l’Université de Limoges.M. Huyghe mène et dirige des recherches en intelligence stratégique et médiologie.
Il intervient comme formateur à HEC, à l’ENA au Centre de recherche sur les Menaces Criminelles Contemporaines DRMCC etc. et est consultant.
– Leur dernier ouvrage : « La route de la soie », chez Payot
– Dernier ouvrage de F.B. Huyghe sur les médias et la guerre de l’information : Comprendre le pouvoir stratégique des médias Eyrolles 2005
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Le texte ci-dessous est issu du site de François-Bernard Huyghe.
Routes de la Soie & intelligence économique ! Quels rapports ?
La route de la soie, a été une des plus grandes aventures économique du monde. Aventure durant laquelle, on trouve de nombreuses illustrations des principes et méthodes de l’IE :
– la route de la soie est un itinéraire millénaire par où parvenait la soie de Chine vendue à Rome autour de l’ère chrétienne, et dont le nom est devenu un synonyme romantique de « relations entre Orient et Occident »
– l’Intelligence Économique est une discipline moderne qui traite de la façon de protéger, acquérir ou utiliser et diffuser de l’information stratégique pour accroître la puissance économique d’une entreprise ou d’une nation ?
Qui dit route, dit circulation de marchandises, de gens, mais aussi d’information.
La réponse est dans la question : qui dit route, dit circulation de marchandises, de gens, mais aussi d’information. Or les trois ne circulent pas au même rythme ni de la même façon, ni avec les mêmes conséquences.
– La soie, d’abord fabriquée uniquement en Chine, traverse toute l’Eurasie, en passant de main en main, de caravane en caravane ou de port en port en plusieurs mois. Elle voyage d’ailleurs avec bien d’autres marchandises, dont les épices, en passant par des intermédiaires qui ont tout intérêt à conserver le monopole du transport sur leur territoire, mais aussi celui de la connaissance des sources d’approvisionnement et de l’origine de ce qu’ils vendent.
– Les gens circulent aussi sur les routes, à grand peine et à grand risque. Très peu d’entre eux accomplissent l’itinéraire complet d’Ouest en Est ou l’inverse, ils le font très tard et ne sont qu’une poignée à écrire des mémoires qui nous soient parvenus (guère avant le XIII° siècle). Ces voyageurs sont des marchands, des ambassadeurs (vrais ou faux) des soldats, mais aussi des prédicateurs qui peuvent consacrer une bonne part de leur vie à un unique voyage.
– Quant à l’information, elle porte sur des connaissances techniques précieuses (qu’est-ce que la soie ? comment est-elle fabriquée ?), sur les pays lointains (leur m?urs, leur système, les possibilités de négoce, d’alliance, et les dangers qu’ils présentent, leur intérêt géostratégique), sur la géographie et les transports?
Désinformation délibérée
Mais cette information est largement déformée ou recouverte par des incompréhensions, de la désinformation délibérée, des mauvaises interprétations, des récits légendaires qui ont plus de succès que les rapports fiables, des croyances et des mythes que les voyageurs projettent sur tout ce qu’ils voient. Sans compter une autre sorte d’information qui circule et qui est destinée à convaincre ou à sauver les âmes : la prédication (certains diront la « propagande ») des grandes religions avec leurs pèlerins ou leurs prosélytes qui traversent des continents entiers pour répandre (ou recueillir) la parole sacrée. Cette information voyage à travers des écrits, des images et bien sûr la mémoire des hommes qui sont souvent menteurs, hâbleurs ou naïfs.
Le plus long secret industriel
Edith et François-Bernard Huyghe ont exploré durant la conférence trois aspects de cette relation (parmi beaucoup d’autres possibles).
– L’idée même de route de la soie, envisagée comme itinéraire commercial, mais aussi comme lien entre des cultures et des civilisations se développe dans un contexte marqué par la guerre économique et des questions géostratégiques.
– Le secret de la soie (à la fois le fait qu’elle est produite par un vers, et la façon de la fabriquer) a constitué le plus long secret «industriel » de l’Histoire et n’a été percé, au bout de plusieurs siècles, que par de véritables manœuvres d’espionnage. D’autres grands secrets (des épices, du papier, de l’imprimerie, de la poudre?) suivront le même chemin.
– Sur la route de la soie ont proliféré des réseaux marchands ou autres fonctionnant par l’échange des nouvelles et des savoirs, la fausse information chassant parfois la vraie et la conservation de la mémoire posant des questions cruciales.
Circulation des savoirs
Au total, la route de la soie qui cesse vraiment de fonctionner au seuil de l’ère des grandes découvertes et de l’imprimerie, résume parfaitement la circulation des savoirs pendant ce que nous avons baptisé « l’ère du portage », quand une idée ou une information ne circulait qu’avec l’homme qui la transportait avec lui et à son pas.
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Ce texte est issu du site de François-Bernard Huyghe. L’image est aussi tirée de leur site.