Jean-Pierre Bernat est intervenu le 23 septembre au Club IES pour une conférence sur l’historique de l’IE. Il nous a laissé la liberté d’utiliser son texte. Le paragraphe ci-dessous correspond à la sixième partie sur la stratégie chinoise (sur 8).
Mao : la réactualisation de la stratégie chinoise
Un des préceptes les plus importants de la stratégie orientale s’édicte comme suit : à la guerre le plus important est de déranger les plans stratégiques de l’adversaire. Le mieux ensuite est de détruire ses alliances par la diplomatie. Après, le mieux est d’attaquer son armée. N’attaquez les villes que lorsque vous ne pouvez faire autrement.
Un des jeux illustrant le mieux ces conceptions est sans doute le jeu de gô dont on connaît la faveur chez les généraux chinois. L’objectif est d’abord le territoire, notion souvent traduite par « zone ou sphère d’influence », et ensuite seulement les forces et les populations adverses.
Mao, stratège, a explicitement fait référence au jeu de gô mais il a surtout su mettre en application la stratégie décrite tant en paroles pour l’enseignement des cadres de l’Armée Populaire, qu’en actes pour créer la Chine Populaire et en conduire la politique internationale.
De manière succincte ses principaux préceptes s’énoncent comme suit :
- Attaquer d’abord les forces ennemies dispersées et isolées, et ensuite les forces ennemies concentrées et puissantes.
- S’emparer d’abord des villes petites et moyennes et des vastes régions rurales et ensuite des grandes villes.
- Se fixer pour objectif principal l’anéantissement des forces vives de l’ennemi et non pas la défense ou la prise d’une ville ou d’un territoire.
On retrouve ici tous les ingrédients caractérisant la stratégie chinoise dans le domaine économique (attaque d’un concurrent par la prise de participation ou la prise de contrôle de ses filiales, attaques indirectes via des branches secondaires plutôt que directes via la « maison mère », asphyxie par une capture de la clientèle plutôt qu’une simple absorption des sites de production ou de la main d’oeuvre correspondante).
Jean-Pierre Bernat
Voir les autres article sur l’histoire de l’intelligence économique
- Histoire de l’IE (1/8): Sun Tzu
- Histoire de l’IE (2/8): Attila et la ligue hanséatique
- Histoire de l’IE (3/8): Le Japon et Venise
- Histoire de l’IE (4/8): De Richelieu à Bonaparte
- Histoire de l’IE (5/8) : Angleterre victorienne
- Histoire de l’IE (6/8): Mao et la stratégie chinoise
- Histoire de l’IE (7/8): La guerre de l’info
- Histoire de l’IE (8/8): L’hyper connectivité
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Jérôme Bondu