Compte rendu du colloque organisé par l’IHEDN le 25 janvier 2001 traitant de l’intelligence et défense économique pour le développement économique. Ce CR a été réalisé par Jérôme Bondu et n’engage que son auteur.
Présentation du Colloque sur Intelligence et défense économique
De nombreux représentants de l’État se sont succédés pour affirmer la nécessité d’un engagement de l’État au côté des entreprises dans la lutte économique.
Présentation des intervenants Intelligence et défense économique:
Les intervenants sont cités par ordre d’intervention. Les fonctions notées ci-dessous sont celles exercées par les intervenants lors de ce colloque (en 2001).
- M. Célerier Vice-amiral d’escadre, directeur de l’IHEDN, de l’Enseignement militaire supérieur et du Centre des Hautes Etudes Militaires.
- Christian Pierret Secrétaire d’Etat à l’Industrie.
- Franck Bournois Professeur.
- Claude Revel Déléguée générale de l’Observatoire du marché international de la construction.
- Claude Reisman Trésorier payeur général de la région Centre.
- Rémy Pautrat Préfet de la région Nord Pas de Calais.
- François Goulet Directeur régional de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement de la région Aquitaine.
- Philippe Clerc Directeur de l’Intelligence Economique à l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie (ACFCI).
- Daniel Cadé Directeur de l’Agence du Réseau de l’Information Active (ARIA) à France Télécom.
- Henri Griffon Président de l’Union Nationale des Industries Françaises de l’Ameublement (UNIFA).
- Jean-Yves Pageon Direction des relations Economiques Extérieures (DREE).
- Didier Lallemand Haut fonctionnaire de Défense au ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.
- Henri Serre Directeur chargé de la sécurité des systèmes d’information au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN).
- Michel Le Clainche Directeur des Relations avec les publics et de la Communication au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.
- Jean-Paul Figer Chief technology officer à Cap Gemini.
- Pascal Lointier Vice-président du Club des Systèmes d’Information Français (CLUSIF)
- Jean-Pierre Cornioux Directeur de la sécurité informatique au groupe Renault.
- M. Rena
- Philippe Caduc Directeur général de l’Agence pour le Développement de l’Information Technologique (ADIT).
- Henri Martre Président de l’Agence Française de Normalisation (AFNOR).
Introduction par le vice-amiral d’escadre CELERIER, directeur de l’IHEDN, de l’Enseignement militaire supérieur et du Centre des hautes études militires.
Ouverture des travaux par M. Christian PIERRET, secrétaire d’Etat à l’Industrie.
Spécificité de l’intelligence économique dans la société du savoir
L’accélération des échanges et le triomphe de l’économie financière ouvrent les frontières de la concurrence. L’obligation de maîtriser le cycle de l’information est la raison d’être de l’Intelligence Économique.
Il y a une nécessité d’une démarche concertée de tous les acteurs dans une démarche d’intelligence économique, et l’État a un impératif d’expression dans ce domaine. Non seulement il doit sensibiliser les entreprises, mais en plus il doit ouvrir ses informations utiles et stratégiques. Le MININFO à ce titre est dans une phase d’expérimentation d’un système qui aurait pour avantage, non seulement de répondre aux demandes des entreprises, d’accompagner et de conseiller ces dernières dans leur développement, mais aussi d’offrir un seul point de contact pour l’entreprise désirant bénéficier des services de l’Etat.
Sécurité des systèmes d’information
Un des effets pervers du travail en réseau est la création de brèches dans la sécurité. Ainsi tout le monde peut être touché par une action de désinformation. Les entreprises françaises ne sont pas suffisamment mobilisées par rapport aux autres pays.
Là encore l’Etat va apporter une pierre à l’édifice : L’État va aller plus loin dans la libéralisation de la cryptologie lors de son projet de loi sur la société de l’information. Il va donner une suite au projet OPIDUM sur la sécurité informatique. Il a fait paraître un guide des bonnes pratiques en matière de « protection informatique » qui débouche sur une normalisation qualité ? confiance conclue avec l’AFNOR.
L’Etat a donc un rôle protecteur pour les entreprises. Mais en plus un rôle de partenaire économique. Ceci pour favoriser l’éclosion d’un esprit offensif et l’épanouissement d’un esprit de conquête.
Le panorama des entreprises françaises en matière d’intelligence économique par le professeur Franck Bournois de l’IHEDN
Suite à l’enquête envoyée aux 5000 entreprises de plus de 200 salariés, 1200 réponses ont été reçues. Cela permet une véritable réflexion sur le lien entre Intelligence et défense économique et le développement. Voici les grandes tendances de cette enquête :
– 52% des entreprises estiment pratiquer l’IES (Intelligence Économique et Stratégique).
– Il y a un lien entre la pratique de l’IES et la rentabilité de l’entreprise.
– Une définition de l’IES doit comprendre ces différentes notions : compétitivité et connaissance des concurrents, outils et techniques, animation de réseaux, implication des acteurs internes et dynamisation, stratégie.
– Le sentiment de guerre économique est réel.
– Parmi les pratiques offensives subies, notons : le lobbying (30%), désinformation (13%), interception d’information (12%), débauchage de cadre (11%).
-Les entreprises françaises sont en train de mettre au point une ingénierie de l’IES : 20% ont un budget IES, 10% ont un tableau de bord.
L’auteur de l’enquête conclue qu’il y a quatre modèles en France.
Propositions :
– professionnalisation du responsable en IES,
– sensibiliser les salariés,
– clarifier les priorités stratégiques,
– élaborer des outils de pilotage,
– renforcer la coordination Etat – entreprise,
– identifier les attaques,
– Etendre cette enquête aux PME – PMI.
Première partie : La prise en compte de l’intelligence économique par les différents acteurs nationaux et régionaux.
La première table ronde est animée par Jean-Louis Levet, président de l’Association Française pour le Développement de l’Intelligence Economique (AFDIE).
Le thème de cette première table ronde est : pourquoi et comment prendre en compte l’Intelligence Economique au quotidien?
Les fils conducteurs en seront :
– importance de l’anticipation sur l’adaptation,
– importance des facteurs socio-économiques,
– mobilisation des acteurs.
Claude Revel, déléguée générale de l’Observatoire du marché international de la construction
Il y une montée en puissance des grandes ONG internationales, au niveau politique et surtout économique, avec un rôle de conseil mais aussi de régulation. Le droit est un levier important pour réguler l’économie, et comme le droit est géré par l’Etat, le rôle de l’Etat en sort légitimé.
Cette montée en puissance de nouveaux acteurs, de nouvelles politiques, implique un effort particulier
de recherche d’information (rôle de l’IE) pour savoir, se situer et anticiper.
Claude Reisman, trésorier payeur général de la région Centre.
Un exemple d’initiative de l’Etat pour optimiser ses rapports avec les entreprises. M. Reisman a lancé un nouveau service à destination des entreprises. Le but en était une simplification de la vie des entreprises, une simplification des modalités d’échange avec les structures de l’Etat.
Le moyen : réunir les acteurs (DRIRE, DRCE) en réseau et faire en sorte que l’entreprise puisse entrer en un point du réseau et que l’information soit diffusée automatiquement à tous ses interlocuteurs institutionnels. Cette expérience a nécessité la mise en place d’outils et une formation spécialisée pour les agents du réseau. Il s’appuie sur une charte déontologique. Ce service s’étend petit à petit aux six départements de la région Centre. Cette région a compris l’importance de l’Intelligence et défense économique pour se développer.
Rémy Pautrat, préfet de la région Nord Pas de Calais.
M. Le préfet Pautrat est intervenu sur le thème de l’Etat partenaire en insistant sur 4 points :
– Il faut changer l’image de l’Etat, et passer d’une vision de contrôleur et de sanctionneur, à une vision d’administration partenaire.
– L’Etat dispose d’énormément d’information (80% des informations utiles aux entreprises) pas suffisamment exploitées. Ceci parce que la France a l’obsession du secret. Parce qu’il y a le réflexe néfaste de classifier l’information plutôt que de l’exploiter. L’information qui prend une valeur ajoutée est celle qui circule et non celle qui stagne. Il faut une culture du partage de l’information.
– Il faut une simplification des règles de l’Etat (qui comporte 150 000 lois, 90 000 décrets ?)
– L’Etat n’est plus le détenteur de l’intérêt général, c’est désormais les entreprises le véritable détenteur : ce sont ces dernières qui pourvoient l’emploi ?
Le préfet a essayé de mettre en place cette dynamique en Basse-Normandie, par notamment :
– la sensibilisation des acteurs,
– la création d’un réseau d’entreprises sous forme de club,
– l’identification des technologies clef,
– et un essai de favoriser un rayonnement international de la région.
Le Préfet essai de faire de même en Nord-Pas-de-Calais avec :
– une gestion transversale de l’information,
– l’inscription de cette démarche dans le plan Etat-Région,
– la venue des assises nationales de l’AFDIE.
Cela illustre le rôle de l’État dans l’Intelligence et défense économique.
François Goulet, directeur régional de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement de la région Aquitaine.
Les DRIREs jouent un rôle et d’accompagnement des entreprises (apport d’une expertise) et de contrôle. Par extension elles ont un rôle dans l’Intelligence et défense économique. Leur action est souvent groupée avec celles de l’ANVAR, Conseil Régional, Délégation à la Recherche et Développement.
Philippe Clerc, directeur de l’Intelligence Économique à l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie (ACFCI).
Philippe Clerc nous présente comment les CCI participent à la dynamique d’Intelligence Économique.
Le rôle des CCI est de servir l’entreprise :
– grâce à l’aide à l’anticipation sur son marché,
– par l’aide au partage et à l’élaboration des méthodes de travail,
– à travers le développement des capacités d’intelligence et d’environnement,
– la coordination de ses réseaux,
– un travail sur la sécurisation des échanges,
– une assistance à la veille,
– la construction de stratégies d’influence ?
L’ACFCI accompagne les CCI dans ces tâches et a la volonté de capitaliser et de mettre en réseau les CCI.
Daniel Cadé, directeur de l’Agence du Réseau de l’Information Active (ARIA) à France Télécom.
La création de l’ARIA remonte à 1995, alors que le PDG de FT chargeait M. Cadé d’une étude sur le coût de l’information stratégique, du partage et de la protection de l’information. L’ARIA aujourd’hui gère, classifie et distribue 100 000 informations par jour. 5000 personnes y travaillent et toutes sont habilitées.
Quels sont les bénéfices d’une telle structure ?
– Connaître les clients, marchés, acteurs, produits, services ?
– Avoir la possibilité d’activer des réseaux pour obtenir des informations.
– Une vision stratégique commune.
– D’avoir des bénéfices en termes économiques : Économies d’échelle dans l’achat des ressources. Gain de compétences pour les personnes qui ont accès aux ressources. Bénéfices individuels car chacun a un accès individualisé à l’information. Appartenance à une communauté de pratique.
La réussite d’un « projet » est une condition nécessaire à la réussite de l’Intelligence Économique. Par conséquent, cela nécessite entre autres :
– une connaissance des réseaux déjà en place car il faut les intégrer,
– de bien définir les objectifs de performance économiques ?
Henri Griffon, président de l’Union Nationale des Industries Françaises de l’Ameublement (UNIFA).
Ensuite, M. Griffon insiste sur la fin de l’Etat protecteur. Il n’y a plus qu’une logique celle du marché. Rappel d’un aphorisme de René Char : « Il faut agir en primitif et prévoir en stratège ».
M. Griffon nous présente le cycle de l’information au sein de l’UNIFA :
En ce qui concerne la collecte des informations, les sources utiles à son travail en matière d’Intelligence Économique sont :
– Les sources formelles : presse, internet ?
– Des études de marché. Ces études sont issues d’un institut d’études, dont la création résulte d’une coopération entre les industriels du secteur, les négociants et les clients.
– Les informations sur les innovations. M. Griffon a insisté sur l’importance d’être à l’affût des innovations. Un organisme a été créé à cet effet : le VIA (Valorisation et Innovation dans l’Ameublement).
– Des salons. La France possède la chance d’accueillir des salons de grandes envergures.
– Parallèlement à une diffusion large, il y a une journée par semaine qui est consacrée à l’échange d’information.
Le coût de cette organisation est financé par la taxe para fiscale. En outre les fédérations européennes sont organisées et mettent un soin particulier à capter les financements européens.
Jean-Yves Pageon. Appartient à la Direction des relations Économiques Extérieures (DREE).
LA DREE peut être vue comme une cellule d’IE au sein du ministère de l’Economie, pour son travail auprès des entreprises. 2400 personnes y travaillent dont 2000 à l’étranger (notamment dans les Postes d’expansion Economiques). Elle doit avoir une place pour une Intelligence et défense économique.
M. Pageon insiste sur le changement intervenu au sein de la DREE. Avant la DREE pouvait être vue comme un simple guichet d’information. Maintenant c’est un prestataire de service avec trois missions fondamentales :
– participer au cadre de définition des échanges,
– contribuer au développement international des entreprises françaises,
– informer sur la globalisation.
Les métiers de la DREE sont les suivants :
– sert de centre d’appel pour les entreprises,
– sert à la diffusion de l’information économique,
– c’est un prestataire de mission (notamment de mission de lobbying),
– conseil les entreprises qui débutent,
Mais la transformation n’est pas finie. M. Pageon trace des axes d’amélioration, notamment souligne l’importance du réseau pour harmoniser les pratiques au sein de cette administration, et le travail de certification ISO 9001.
M. Levet conclue cette première table ronde par cet aphorisme, que chacun interprètera à sa manière. Il ne faut pas oublier que l’Arche de Noé a été construite par un amateur, et a résisté au déluge, Et que le Titanic a été construite par des professionnels et n’a pas résisté à sa première croisière ?
Seconde partie : La défense économique (Intelligence et défense économique)
Didier Lallemand, Haut fonctionnaire de Défense au ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.
M. Lallemand s’interroge sur la défense de l’économie dans une période qui a vu ou voit :
– la chute de l’URSS,
– augmentation de la mondialisation avec son cortège de contraintes sur les entreprises,
– obligation de travailler en réseau avec des partenaires lointains,
– l’ouverture à la concurrence des entreprises de réseau (comme FT, EDF, GDF ?).
La défense de l’économie comprend trois volets :
– L’Etat a besoin de réseaux (transport, téléphone, énergie, paiement ?). Ces infrastructures sont vitales et le Ministère doit veiller à leur bon fonctionnement.
– Assurer la protection du patrimoine.
– Limiter les dépendances stratégiques. Une économie qui dépend de quelques grands acteurs, affaiblie la concurrence et augmente la vulnérabilité.
Un principe simple de précaution indique, en termes de vols d’information, de faire attention à l’utilisation que l’on fait d’Internet. De plus, des logiciels libres (type Linux) et donc au fonctionnement parfaitement connu peuvent être plus sûrs que des logiciels propriétaires (type Microsoft) dont certaines fonctionnalités restent opaques. Aussi, un autre secteur de vulnérabilité pour l’entreprise se situe au niveau des grands cabinets d’audit ou les courtiers en assurance qui travaillent avec des entreprises qui sont concurrentes entre elles. Quelles garanties peut ont avoir de confidentialité des informations.
Enfin, M. Lallemand conclue sur le fait que les failles dans les systèmes d’informations sont multiples et dangereuses. Néanmoins, assurer la sécurité des informations n’implique en aucun cas une paranoïa sécuritaire. Elle demande simplement de ne pas être naïf !
Les réponses au double défi de la défense économique et du développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
La seconde table ronde est animée par Pierre Gilbertas, consultant en systèmes d’information.
Henri Serre, directeur chargé de la sécurité des systèmes d’information au Secrétariat Général de la Défense Nationale (SGDN).
M. Serre intervient sur le rôle de l’Etat en matière de sécurité informatique. La sécurité informatique est un thème central dans Intelligence et défense économique :
En matière de cryptologie (art de coder les messages) le nouveau décret de mars 1999 permet un usage libre des clefs de 128 bits. Ceci pour permettre aux entreprises de sécuriser leurs transmissions. Mais cette loi pouvant être utilisée à mauvais escient trois dispositions ont été prises :
– Création de l’Office central de la lutte contre la criminalité informatique.
– La mise en place d’une structure chargée d’assurer la sécurité des systèmes d’information au SGDN.
– Le renforcement d’une coopération internationale.
M. Serre insiste sur le fait qu’il faut systématiser la sécurisation des échanges d’information. De fait, il faut savoir quelle est l’offre des produits en la matière. Un travail de formation et de sensibilisation des ressources humaines est nécessaire, et ce à tous niveaux : pratique, juridique et technique.
Michel Le Clainche, directeur des Relations avec les publics et de la Communication au Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.
Le ministère de l’Economie et des Finances, et de l’Industrie est passé d’une culture du secret à une culture de la communication. Or la sécurité est un élément essentiel de la communication.
Par exemple, à titre du travail de sensibilisation et de formation de ressources humaines, le Ministère a diffusé une brochure à ses 180 000 agents sur ce thème. Cette brochure est disponible à tous sur le site Internet du Ministère, et chaque entreprise est vivement conseillée de la diffuser auprès de ses employés.
Jean-Paul Figer, chief technology officer à Cap Gemini.
Internet est un outil au degré de sécurité nul ! Ceci pour la bonne raison qu’il a été conçu pour assurer la connectivité des machines et non la sécurité.
Quelles solutions envisager ? Il n’y a pas de réponse toute faite, néanmoins voici quelques pistes :
– séparer Internet et Intranet. Mais cela implique que le personnel soit fiable.
– mettre en place une authentification de la machine couplée à un système de cryptage (système à clef publique).
Finalement, dans tous les cas l’aspect sécurité est extrêmement important et souffre d’un manque de considération, et d’une prise de conscience en France.
Pascal Lointier, vice-président du Club des Systèmes d’Information Français (CLUSIF).
En matière de sécurité informatique on se heurte à différents problèmes : Le premier est l’insouciance ou la méconnaissance de la personne même d’assurer ce risque, le responsable informatique. En France, il y a un problème de prise de conscience du patrimoine informationnel. D’où une difficulté d’apprécier les risques. Or ce point est majeur et empêche une bonne collaboration Intelligence et défense économique.
Quelques pistes pour pallier ces difficultés :
– d’abord, traiter la sécurité dans sa globalité.
– mais aussi sensibiliser les acteurs à tous niveaux.
– Mais la véritable sécurité n’est pas une défense statique, c’est une attitude dynamique. Il faut croiser une gestion des risques continue et une gestion événementielle. D’où l’importance de la bonne appréciation des risques, donc de la bonne qualification des personnes chargées de ce travail. A ce titre, il y a actuellement une sur-médiatisation du problème des virus. Cela débouche sur un nouveau risque, celui du « risque d’opinion » lié aux mouvements d’opinion.
Jean-Pierre Cornioux, directeur de la sécurité informatique au groupe Renault.
M. Cornioux va axer sa présentation autour du dilemme suivant : D’une part, toutes les précautions sont-elles prises au niveau des NTIC ? D’autre part, profitons-nous suffisamment de tout ce que pourraient nous apporter les NTIC ?
Renault est très sensibilisé au problème de la sécurité informatique. Ainsi Renault :
– travaille avec des pays sensibles au niveau du piratage informatique (Corée, Roumanie ?).
– échange quotidiennement des informations stratégiques par NTIC avec tous les pays du monde.
– travaille en collaboration avec des concurrents (définie par le néologisme de « coopétition » issu de coopération et compétition).
En définitif, Renault doit adopter une stratégie qui n’est pas opportuniste mais construite. Notamment par le développement d’une politique de sûreté globale qui vise à couvrir l’ensemble des éléments du risque.
Par ailleurs, le système informatique doit répondre à trois obligations :
– avant tout, la disponibilité et la sûreté de l’information.
– la seconde obligation est l’intégrité des données et de leur traitement.
– Mais aussi la confidentialité.
Des actions sont prises dans différentes directions :
– Clairsemer et éclater les risques.
– Prévoir l’aléa.
– Éviter de se mettre dans des zones de vulnérabilité.
– Sensibiliser les employés à un nouveau comportement.
– Se remettre en question de manière permanente.
Pour finir M. Corniou insiste sur les éléments clés d’une démarche sécurité : avoir une approche fractionnée et permanente de la sécurité. Cette approche doit être non traumatisante et valorisante.
M. Rena
M. Rena intervient sur la sécurité du paiement en ligne. En effet le paiement en ligne implique des risques, et une sécurisation est nécessaire. Or trente-deux solutions techniques sont possibles :
– Solution née en France : Adoption du standard cyber-com. Télépaiement sur téléphone mobile.
– Solution qui existe en France et aux États-Unis : A chaque transaction un numéro de carte virtuel est transmis en direct par la banque concernée. Les petits montants pourraient être facturés par l’opérateur de téléphonie mobile.
– Solutions essentiellement américaines : trois solutions sont présentées. Solution la plus prisée : l’effort est porté sur la sécurisation du canal de transmission (SSL). Deuxième solution : Il y a création d’un artéfact résident sur le disque dur ou la disquette du consommateur (SET). Troisième solution : portemonnaie virtuel.
Derrière le choix de la solution se cache des enjeux stratégiques :
– Cela aura un impact sur l’importance ou non des cartes de paiement.
– C’est un champ de confrontation entre la conception américaine du commerce (on peut toujours se faire rembourser un achat) et française (une fois la transaction écrite et acceptée, une vente n’est pas retournable).
La réponse à ces problèmes est un enjeu de défense.
Philippe Caduc, directeur général de l’Agence pour le Développement de l’Information Technologique (ADIT).
Les NTIC sont en même temps une menace et une opportunité pour le l’économie. Au titre des menaces, il y a trois aspects :
– Menace technologique, liée à la sécurisation des informations, et incarnée par la puissance du renseignement américain (avec notamment le réseau Echelon dirigé par le NSA).
– Menace économique et financière, incarnée par la bulle spéculative portée sur les entreprises de la nouvelle économie. Avec comme corollaires les turbulences financières qui ont suivi, l’accroissement de la volatilité des devises. Autre corollaire le rapport de force faussé entre les entreprises de la nouvelle et de l’ancienne économie. D’où l’expression américaine « to be amazonned » qui signifie faire faillite à cause d’une entreprise de la nouvelle économie qui « vole » les clients, sans faire la preuve de sa rentabilité et de sa stabilité. Amazone a en effet provoqué la faillite de nombreux éditeurs américains.
– Menace stratégique incarnée par le risque et la facilité du détournement d’image, de la déstabilisation, de la désinformation sur et via Internet. Ce média est en effet un média « sans responsabilisation ». En autres exemples développés par M. Caduc, une enquête de l’ADIT, commandité par Alcatel suite à la baisse de 40% de sa capitalisation boursière, a prouvé que l’origine de cette « attaque » provient d’une banque d’affaire concurrente.
Conclusion des travaux sur défense économique
Par M. Henri Martre, président de l’Agence Française de Normalisation (AFNOR) sur Intelligence et défense économique pour le développement.
M. Martre commence sur la modestie a adopter vis à vis d’un sujet aussi complexe et évolutif, avant de relever différentes notions :
– l’Intelligence Économique est inséparable de la stratégie.
– L’intelligence économique a un coût en terme financier, en temps de travail. Mais c’est un coût qu’il faut accepter car le retour sur investissement est réel.
– Il faut mieux parler de « compétition commerciale que de « guerre économique ». Même si dans les moyens d’attaque et de défense les actions illégales existent.
– Importance des réseaux humains et des réseaux d’organisation.
– Un des obstacles majeur du développement de l’Intelligence économique en France est que l’information est vue comme un élément de pouvoir, et qu’il règne un certain individualisme. Par exemple la compétitivité entre les collectivités territoriale existe ! Il faut lutter contre cet état de fait. Au premier chef, l’État doit montrer l’exemple et doit en tant que détenteur de 80% de l’information utile aux entreprises, ouvrir cette richesse. A l’État actuel doit se substituer « l’Etat partenaire ».
Sigles :
- IHEDN : Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale
- DRIRE : Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement.
- DRCE : Direction Régionale du Commerce Extérieur.
- ANVAR : Agence Nationale pour la Valorisation de la recherche.
- SGDN : Services Généraux de la Défense Nationale.
Sur le thème de la défense économique
132ème conférence du Club IES: Histoire mondiale de la guerre économique
Le droit nouvelle arme de guerre économique, d’Ali Laidi.
Compte rendu conférence IHEDN : Le droit nouvelle arme de guerre économique.
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Jérôme Bondu