Quels sont les atouts des moyennes entreprises ? Je publie aujourd’hui le compte rendu d’une conférence organisée le 07/10/2002 par l’Association IE de l’IHEDN. Ce compte rendu a été écrit par Jérôme Bondu et Bruno Barandas, et n’engage que ses auteurs.
Les atouts des moyennes entreprises
Conférence d’YVON GATTAZ
Résumé
Cette conférence était organisée par l’Association Intelligence Économique de l’IHEDN.
Yvon Gattaz a présenté les atouts des moyennes entreprises. Après avoir présenté une nouvelle classification des entreprises, dont la catégorie « moyenne entreprise » représente la part la plus importante, il a exposé pourquoi il faut aider à la création de cette catégorie d’entreprises, et en quoi elles sont le ciment et la base d’une économie en croissance.
Présentation de l’Intervenant
Diplômé de l’Ecole centrale. Ancien Président du CNPF (remplacé par le MEDEF).
Membre de l’Académie Française des Sciences Morales et Politiques. Président de l’Association des Moyennes Entreprises Patrimoniales – ASMEP. Son dernier ouvrage : La moyenne entreprise. Editions Fayard. Décembre 2001.
Introduction
M. Gattaz a commencé son allocution en proposant une nouvelle classification des entreprises. Il refuse l’acronyme PME, qui est selon lui peu clair, incorrect sur le plan grammatical, et englobe des réalités trop différentes. Il propose les quatre catégories suivantes :
- TPE, Très Petite Entreprise, moins de 10 salariés
- PE, Petite Entreprise, entre 10 et 100 salariés
- ME, Moyenne Entreprise, entre 100 et 3000 salariés
- GE, Grande Entreprise, plus de 3000 salariés.
Quels que soient les critères retenus (nombre d’entreprises par catégories, nombre d’employés, chiffre d’affaires, investissements …) on se rend compte que c’est la catégorie des moyennes entreprises qui est la plus importante (selon sa classification, il est intéressant de noter qu’il n’y a que 200 grandes entreprises en France [de plus de 3000 salariés] !).
Importance de la croissance
La « croissance » est une obligation, nous explique M. Gattaz. Et il en va de la croissance économique, comme d’autres domaines. A cela, au moins deux justifications :
– Premièrement, au niveau biologique, ce qui ne croît pas se réduit, et donc disparaît.
– Deuxièmement – et non sans humour – notre intervenant, lui-même patron d’entreprise, explique que la croissance est un outil indispensable pour la gestion d’entreprise, car elle efface les erreurs managériales. En effet, elle permet d’effacer les erreurs d’investissements trop optimistes, de surstock et de sureffectif : la croissance absorbe ces erreurs classiques.
Quelques fausses idées sur les fusions et acquisitions porteuses de croissance
M. Gattaz explique qu’une idée communément répandue prétend qu’une des manières de créer de la croissance est de faire des fusions – acquisitions. Or cela est un leurre. Les fusions et acquisitions se soldent dans plus d’un cas sur deux par un échec.
Quand bien même, la fusion et acquisition est menée à son terme, l’entreprise au final possède souvent un périmètre inférieur à la somme des deux entités réunies. À la mode des synergies (qui font croire fallacieusement que 2+2 font 5), il oppose le néologisme « gynercie » qui exprime le phénomène de perte de compétitivité après une fusion et acquisition, symbolisé par la formule (2+2 font 3 !!).
Une des difficultés de réaliser une fusion et acquisition harmonieuse tient dans le fait que l’on croit faire une « fusion d’égaux », et que l’on se retrouve devant des « rivalités d’égo ».
Difficile du mariage des cultures des entreprises
La difficulté la plus importante résidant dans le mariage des cultures des entreprises. Et il nous cite un capitaine d’industrie ayant réussi la première grande fusion en France, disant que la fusion des deux entités réunies a duré ? 20 ans !
La communication dans l’entreprise se trouve d’autant complexifiée. Ingénieur de formation, M. Gattaz s’est « amusé » à mettre en équation la formule suivante qui dit que le niveau de difficulté de communication dans une entreprise est égal au carré du nombre d’employés.
Les vertus de la moyenne entreprise
Plutôt que de faire une course au « gigantisme verticalisé », il vaut mieux pour assurer une croissance saine et solide, se développer en suivant le modèle de la « Moyenne Entreprise » constitué de « petites » structures souples et indépendantes de la maison mère notamment au niveau des relations humaines puisque désormais la réussite des entreprises passe essentiellement par la « gestion des compétences »!
Les progrès permettent en effet la constitution de réseaux de moyennes entreprises, qui pourront par leur réactivité et leur souplesse permettre une véritable croissance.
Quels sont les atouts des moyennes entreprises ?
– Permettre une véritable communication entre les hommes et les femmes qui la constituent. Et de ce fait, permettre plus d’harmonie.
– Assurer de la réactivité, de la souplesse et une forte capacité d’adaptation face aux marchés.
– En outre, la moyenne entreprise a la vertu de l’exemplarité. Un patron de moyenne entreprise qui réussit peut inspirer les nouvelles générations. C’est un modèle que l’on peut atteindre. A contrario, il est beaucoup plus difficile de vouloir suivre les traces des grands patrons des grandes multinationales.
Conclusion
Monsieur Yvon Gattaz, grand connaisseur des réalités politiques et économiques, a délivré ce plaidoyer pour la moyenne entreprise avec beaucoup de sciences, d’humour et d’esprit. Force est de constater qu’en cette période où les grandes entreprises licencient et sont mises à mal par la bourse, son message ne peut qu’attirer l’attention.
Ce sujet est largement développé dans son dernier ouvrage : La moyenne entreprise. Editions Fayard. Décembre 2001.
Jérôme Bondu et Bruno Barandas
En savoir plus :
- Une part importante de mon activité de consultant en intelligence économique est consacré à la mise en place de système de veille pour les moyennes entreprises.
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- On pourra aussi consulter le billet « Aux origines de l’Intelligence économique – Le CIEM du Medef Paris ».