Lors de mon dernier séjour au Maroc (février 2011) j’ai échangé avec beaucoup de personnes sur les révolutions en cours dans le monde arabe. J’en retiens quatre éléments saillants :
Réactions marocaines face aux révolutions dans le monde arabe
Il ne m’a pas semblé qu’il y ait une crainte de contagion révolutionnaire au royaume chérifien. Parmi les personnes avec lesquelles j’ai pu m’entretenir, certaines ont participé à la marche du 20 février, mais il n’y avait chez elles aucun désir de révolution. Elles s’y sont rendues par curiosité, et pour exprimer un désir de réformes.
L’incompréhension de la politique française est totale. Je vous retranscris de mémoire quelques remarques entendues : « Il ne s’agit pas d’envoyer un porte-avion en face de la Libye, mais Sakozy pourrait au moins dénoncer franchement Kadafi ». « La voix de la France est quand même importante, et apporterait au moins un soutien moral au peuple tunisien ». « Il y a des gens qui meurent en face de Marseille et votre gouvernement ne fait rien ».
L’incompréhension tend vers l’indignation. Tous pensent que ce comportement pusillanime est dicté par des considérations économiques, la Libye étant un gros producteur de pétrole. Mais ils prédisent aussi que la France aura des difficultés à reprendre pied dans ce pays une fois que le nouveau gouvernement sera en place, ce que beaucoup perçoivent comme inéluctable.
Politique arabe de la France
Ces remarques se sont souvent finies sur le constat que de Gaulle et Chirac étaient les derniers à avoir une politique arabe. L’opposition de Chirac à la demande de Bush d’intégrer la coalition anti Saddham Hussein est restée dans les mémoires.
J’ai aussi croisé des Tunisiens. Ils sont extrêmement fiers d’avoir été à l’origine du mouvement, et d’avoir renversé seuls leur despote, sans aide extérieure. Un Tunisien a dit « Hilary Clinton est venue nous voir. Mais on ne lui pas demandé de venir. Elle s’est invitée toute seule. On a demandé de l’aide à personne pour faire notre révolution. »
Conférence sur les révolutions dans le monde arabe
Nous aborderons ces sujets mardi 1er mars lors de la conférence de Jean-François Coustillière au Club IES sur le thème de la « révolution dans le monde arabe ». Il reste une vingtaine de places [Mise à jour : lire le compte rendu de la conférence, et voir la vidéo de l’intervenant].
Le contre-amiral (2S) Jean-François Coustillière est né 1949 à Bizerte en Tunisie. Il a mené une carrière d’officier de marine : Il a notamment été en 1999 chargé de mission à l’État-major interarmées de planification, où il a dirigé des travaux de planification portant sur différents théâtres du Proche-Orient, de Méditerranée, et du Moyen-Orient. En 2002, il devient chargé d’études de relations internationales à l’État-major des armées à Paris, et contribue à la définition des coopérations multinationales en Méditerranée. Après avoir quitté les forces armées en 2005, il crée en 2006 le cabinet JFC Conseil, dédié aux questions de relations internationales en Méditerranée. Et dirige l’association Euromed-IHEDN, qu’il a créée en 2004.
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Jérôme Bondu
