Le dernier livre de Bernard Besson, Groenland, est remarquable. C’est en même temps un ouvrage passionnant, effrayant, instructif et sympathique.
Passionnant parce qu’il nous mène dans une aventure haletante entre la France et le Groenland, où se noue une intrigue géopolitique, économique et écologique. Une équipe d’anciens de la DGSE est missionnée pour une affaire « anodine » qui rapidement va les entrainer au coeur d’une machination internationale.
L’intrigue se joue sur fond de dérèglement climatique aux conséquences effrayantes. Le lecteur peu averti que je suis, ne sait pas si les effets décrits sont issus de l’imagination féconde de l’auteur ou d’une forme d’anticipation.
Les amateurs d’espionnage trouveront la lecture de ce livre très « instructive« . Sans savoir ce qui relève de la réalité et de la fiction, l’auteur prête aux héros des gadgets dignes de James Bond. Un iPhone qui sait analyser l’usure d’un digicode et reconstituer le code. Des boules métalliques miniaturisées logées sous la peau qui servent d’émetteur RFID. Un écran mural tactile qui sait à peu près tout faire. Un système de protection anti cambriolage qui enveloppe les intrus sous une bâche anesthésiante, ? les trouvailles abondent dont certaines sont certainement bien réelles.
Cette lecture est aussi instructive sur l’état de nos Services secrets. Bernard Besson décrit souvent dans ses livres des guerres intestines au sein de la DGSE. Dans « Main Basse sur l’Occident » le directeur général de la sécurité extérieure Hubert de Méricourt n’avait plus confiance en personne. Groenland reprend cette antienne. Cela fait peur quant à la réalité de ce phénomène.
Le livre fourmille ainsi de clins d’oeil amusants : ainsi Jean-Claude Possin (ami inséparable de Bernard Besson dans la vraie vie) apparaît sous les traits d’un mathématicien. Marc Racine (ancien collaborateur de M. Besson aux RG) fait aussi une apparition. L’entreprise lyonnaise BEIC permet aux protagonistes de surveiller la fiabilité des entreprises (ce qu’elle fait réellement). L’entreprise ORCA est l’inventeur de la bâche citée plus haut (et est réellement une entreprise de conseil en sécurité). Ces apparitions de personnes connues dans le monde de l’intelligence économique rend cet ouvrage sympathique aux initiés.
En outre, Bernard Besson rappelle au fil des pages son principal enseignement en matière d’intelligence économique, à savoir l’importance de la question. Si l’on ne sait pas se poser de bonne question, on ne sait pas trouver de bonnes réponses.
En tout cas, si vous posez la question de trouver un livre qui soit en même temps passionnant, effrayant , instructif et sympathique… ne cherchez plus, la réponse est toute trouvée 🙂
Voir d’autres critiques : une positive, une autre que je trouve sévère.
Jérôme Bondu
Edition Odile Jacob 2011.