Voici quelques notes sur la JIEE’09, qui évoque l’importance de mettre en place un dispositif d’intelligence économique. Événement auquel Inter-Ligere était associé. Ce compte rendu est partiel, informel et n’engage que son auteur. (lire les compte rendu 1 et compte rendu 3).
L’intelligence économique : un moyen pour une sortie de crise par le haut
Compte rendu de la table Ronde : « L’intelligence économique : un moyen pour une sortie de crise par le haut » animée par Nicolas Arpagian, Rédacteur en chef de la Revue Prospective Stratégique, Membre du Collège de l’Académie de l’IE.
Jean-Yves Durance, Président de l’Association des Utilisateurs de la Défense, Vice-président de la CCIP, commence par présenter l’Association des Utilisateurs de la Défense, qui est selon ses propres mots une « petite association », mais qui a le mérite de mettre en commun les visions d’un certain nombre de grandes entreprises et de structures de formation (Dauphine et le Pôle Léonard de Vinci). Cette association qui fait du lobbying, peut être vue comme une structure d’IE.
M. Durance insiste sur le danger de l’expatriation des centres de décisions hors de France. Pour éviter l’hémorragie :
– il faut -notamment- une osmose complète entre les entreprises et les pouvoir politiques,
– il faut des structures agiles, mobiles, qui augmentent fortement leurs capacités à se transformer et à s’adapter.
Henri Martre
Henri Martre a commencé son allocution en rappelant une évidence : l’IE n’a pas appris aux acteurs économiques qu’il fallait s’informer avant de prendre des décisions. Les chefs d’entreprises le faisaient depuis toujours. Par contre, le développement de l’intelligence économique avait pour objectif de donner une méthodologie rigoureuse pour pouvoir décrypter un domaine qui se complexifiait et se complexifie tous les jours plus. Or force est de constater que cette méthodologie n’est pas utilisée ni appliquée. Il faut donc faire rentrer cette méthodologie dans les mœurs.
M. Martre a insisté sur l’action très positive d’Alain Juillet, qui a sensibilisé le président de la république sur le fait que l’IE était un outil « dont on ne peut pas se passer ». Et qu’il faut notamment l’appliquer à la politique industrielle. D’où la création du poste de « délégué interministériel à l’Intelligence Economique ». La France innove dans le domaine. On peut être reconnaissant à Alain Juillet de cette avancée.
Alain Juillet, évoque le dispositif d’intelligence économique
Alain Juillet, fidèle à un des thèmes qu’il avait souvent abordés en tant que Haut Responsable à l’Intelligence économique, rappelle que nous sortons d’un monde monopolaire, dominé par les Occidentaux, et que nous allons vers un monde régionalisé. Dans cette optique l’IE a un rôle, en tant qu’outil de compréhension de son environnement.
L’IE peut apporter des éléments, des informations, mais si l’auditeur n’est pas prêt à les entendre, cela ne sert à rien. M. Juillet rappelle un proverbe bédouin qui dit « avant de dire la vérité, achète-toi le cheval le plus rapide ». Cela fait référence au syndrome du porteur de message (dans l’antiquité les porteurs de mauvaises nouvelles étaient sacrifiés ? comme si leur sacrifice pouvait atténuer les conséquences de la nouvelle !).
Politique industrielle de la France
M. Juillet (comme M. Martre) a fait une référence à la nécessaire politique industrielle de la France. Il a cité Gournay, économiste (repris plus tard par Chaptal) qui disait déjà au XVIIIème siècle que la France prenait le mauvais chemin, « car nos enfants vont tous dans la finance, domaine qui paye mieux, alors que c’est l’industrie qui créé de la valeur » ! Paroles d’une cruelle actualité, que M. Esambert, président de l’Académie, n’aurait pas désavoué.
M. Juillet a conclu en s’attaquant au protectionnisme, car -dit-il- si nous mettons des barrières chez nous, les pays où nous voulons exporter en mettront aussi ! Et finalement, ce seront les marchés les plus gros et les plus dynamiques qui seront les plus puissants. A ce jeu, l’Europe a tout à perdre.
Délégué Interministériel à l’Intelligence Économique
Olivier Buquen, Délégué Interministériel à l’Intelligence Économique, a conclu cette journée. Il a rappelé rapidement les grandes étapes de son parcours, (élu local en Bretagne, banquier en France et en Italie, notamment pour financer des PME, industriel et directeur d’une des filiales d’un groupe leader européen dans son domaine) pour insister sur le fait qu’au travers de ces différentes expériences, il a vécu de l’intérieur l’importance de l’IE.
Il a placé son action dans la continuité de celle de ses prédécesseurs, en présentant le nouveau dispositif d’IE, comme la dernière étape d’une « démarche de politique publique, lancée il y a une quinzaine d’année suite au rapport Martre, relancée après le rapport Carayon, et développée plus récemment par Alain Juillet ».
Nouveau dispositif d’intelligence économique
Il a rappelé l’engagement fort du chef de l’État : « Il y a quelques mois le président de la république a voulu mettre en place un nouveau dispositif, d’ailleurs sur les recommandations d’Alain Juillet, et passer à une nouvelle étape ».
Le nouveau dispositif a une structure particulière, puisqu’il est rattaché à la présidence de la république, mais est placée administrativement et géographiquement à Bercy. Il n’a pas commenté cette double appartenance, mais a simplement relevé l’intérêt de la proximité avec Bercy car cela permettait d’être au plus près des entreprises ».
Quant aux grands objectifs du nouveau dispositif d’Intelligence économique, M. Buquen a cité :
– la diffusion des informations aux responsables de l’État et des entreprises,
– le soutien des entreprises dans leur développement,
– la défense des entreprises,
– la promotion des intérêts économiques Français,
– l’optimisation de la formation et la sensibilisation à l’IE.
Il a insisté sur une ligne d’action unique : aider les entreprises.
Jérôme Bondu
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